Congo-Brazzaville: Mondésire Ikando - « Quand une femme est indépendante, cela lui concède un pouvoir de décision »

interview

Talentueuse, ambitieuse et visionnaire, Mondésire Ikando, journaliste, est la promotrice et présidente de "Women center", un centre de réflexion qui vise à favoriser l'autonomisation de la femme congolaise. Dans cette interview accordée aux Dépêches du Bassin du Congo, elle revient sur l'intérêt de cette initiative et l'organisation de la prochaine édition.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : En tant que promotrice et présidente de "Women center", quel est l'objectif que vous visez à travers cette initiative ?

Mondésire Ikando (M.I.) : Women center, à travers "Mwassi ya lobi", veut assurer l'accompagnement psychologique et moral des femmes qui veulent jouer leur rôle de leadership dans la société. L'initiative veut redonner espoir à de nombreuses femmes qui en ont besoin, à travers le renforcement opérationnel des compétences et de l'assurance en soi, grâce à l'apprentissage des bases du leadership et de l'entrepreneuriat. Les différentes problématiques seront abordées, notamment le numérique, le savoir-faire et le savoir-être, l'environnement, l' éducation, la santé reproductive.

Ce sera une occasion idéale pour les femmes d'acquérir plus de connaissances afin de devenir des interlocutrices formées, performantes et actives en faveur des entités dans lesquelles elles sont impliquées, ou bien dans les différents projets d'activités qu'elles souhaitent développer. L'essentiel pendant cette édition est de donner des outils nécessaires aux femmes pour qu'elles deviennent autonomes dans leur vie quotidienne et professionnelle, car l'environnement éducatif et le poids des sociétés africaines pèsent parfois sur l'émancipation effective des femmes.

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Il s'agira également, à travers la loi Emilienne Mouebara, de faire l'état des lieux annuel en termes de parité et de représentativité des femmes au Congo, de vulgariser la question du genre, afin de susciter un véritable élan sur la parité et les droits des femmes, de légiférer en faveur des femmes, afin que leurs droits et leur rôle soient reconnus et protégés.

L.D.B.C. : Après le succès de la première édition 'Mwassi ya lobi", vous organisez le 15 juin la deuxième . Quels en seront les moments forts ?

M.I. : Pour cette deuxième édition, plusieurs activités sont prévues, des conférences-débats, tables rondes, partage d'expériences, panels de discussion, échanges et témoignages qui seront animés par des femmes qui ont réussi à dépasser les barrières sociales et qui contribuent au développement du Congo et de l'Afrique par leurs efforts, venant de divers horizons. Devenues des modèles pour toutes les femmes, leurs expériences et leurs témoignages permettront à d'autres, jusqu'ici retissantes, d'avoir de l'assurance en elles, car toute femme devrait être un exemple pour les autres de par son travail et par sa façon de vivre.

En tant qu'organisatrice, nous avons le devoir de pousser les femmes à s'autonomiser, à donner le meilleur d'elles-mêmes, peu importe ce qu'elles font. Il s'agira aussi, par ces échanges, de décomplexer ces femmes qui s'auto-censurent et qui n'osent pas sortir de leur zone de confort, car il est temps que la femme donne la pleine mesure de son potentiel et de ses talents afin d'accéder à ce qu'elle désire être dans la société.

L.D.B.C. : Face aux multiples maux qui minent l'entrepreneuriat féminin au Congo, pensez-vous que la mise en place des académies de leadership serait la réponse pour promouvoir l'auto-emploi des femmes ?

M.I. : La mise en place des académies de leadership seule ne suffit pas pour promouvoir l'auto-emploi des jeunes filles et des femmes. Il faudrait nécessairement inclure le volet micro- finance pour permettre aux femmes de quitter l'auto-emploi pour entrer dans la gestion plus concrète de la société, afin de s'affirmer en tant qu'actrices majeures du développement du pays. L'employabilité des femmes et des jeunes filles est en grande partie affectée par une capacité d'autonomie limitée, pourtant indispensable pour qu'elles deviennent actrices de leur insertion sociale et professionnelle.

Ce faible niveau d'autonomisation, notamment financière, n'est pas sans impact sur leur vie quotidienne. En plus de cette capacité d'autonomisation limitée, d'autres facteurs expliquent les difficultés auxquelles celles-ci sont confrontées pour entrer dans le marché de l'emploi. Il s'agit notamment de manque d'orientation, d'information, et de déficit en termes de microcrédits.

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