Les automobilistes et les usagers des transports publics qui empruntent la route des Niayes ne sont pas encore arrivés au bout de leur peine, après la fermeture du trafic routier qui relie les localités de la banlieue lointaine Keur Massar, Tivaouane Peulh, Lac Rose entre autres et le centre-ville de la capitale Dakar. A cause des travaux de réhabilitation de l'axe routier, la situation reste difficile pour les usagers de ladite voie et le calvaire perdure. Plus alarmant encore, cette situation peut dégénérer d'autant que, alertent les spécialistes, la saison humide va enregistrer une pluviométrie abondante. Toute chose qui ne restera pas sans conséquences. Pour cause, les difficultés de mobilité des banlieusards risquent d'aller en crescendo.
En attendant, l'arrêt des travaux sur cette voie routière pose de sérieux problèmes à la fluidité du trafic et la sécurité routière. Que dire par ailleurs du désordre installé par les marchands à la sauvette qui ont envahi littéralement la chaussée étroite, en indisposant les passants qui ont du mal à se frayer un chemin ? Conséquence : les heurts entre commerçants et piétons sont fréquents. La semaine dernière, les forces de défense ont mené une opération de déguerpissement pour débarrasser ce point névralgique de la commune des tables de fortune et des étals de friperie.
Fatou (nom d'emprunt), une vendeuse des sachets d'eau, ne peut s'empêcher de se désoler de la situation : « Je n'approuve pas du tout le comportement de certains individus. Ils ont occupé la voie de façon anarchique en empêchant les gens de circuler librement. Nous avons tous payé de l'incivisme de certains de nos pairs ». Et de poursuivre : « Les forces de l'ordre ont déguerpi tous les commerçants aux abords de la route des Niayes... Les bagages de certains commerçants ont été confisqués. Car ils ne voulaient pas se soumettre aux ordres des hommes en bleu ».
Erigé en département, en 2021, par les anciennes autorités, Keur Massar souffre de l'archaïsme de ses infrastructures routières. La route des Niayes qui enjambe la commune est dans un état de dégradation avancée. Les artères de la commune sont en proie aux eaux de ruissellement car il n'existe pas de canalisations dignes de ce nom pour endiguer les effets des pluies diluviennes. L'ingénieur en génie civil, par ailleurs Hydraulicien de l'Agence de développement municipal (ADM), Lamine Doumbia rassure sans minimiser les risques d'inondations : « on a installé une station de pompage équipée de trois électropompes de 2000 m3 soit une capacité de six mille mètres cube par heure (6 mille m3/h). Son rôle est d'éviter le débordement du lac de Mbeubeuss en dehors de son lit majeur ». L'hydraulicien Doumbia soutient de même que pour atténuer les inondations par débordement des eaux, plusieurs bassins ont été créés. Cette année, le projet a réalisé 4 bassins supplémentaires dans la zone des habitations à loyer modérés (HLM) Malik de Keur Massar. Malgré tout, la situation est loin d'être maitrisée. Le danger plane toujours sur cette localité au relief propice à la stagnation des pluies.
Les populations entre calvaire du trafic routier et déficit des moyens de transport
Keur Massar polarise les nombreux usagers des cars Ndiaga Ndiaye, des bus Dakar Dem Dikk DDD et des « Tata ». Les voyageurs se livrent quotidiennement à un véritable marathon pour rallier la gare routière appelée « garage » qui refuse toujours du monde. Tous les lundis, ce sont de longues files indiennes qui se forment. Avec à la clef, le désordre total et des scènes sporadiques d'altercation. Les bousculades entre clients sont récurrentes pour trouver un siège. Un client déclare : « La situation qui prévaut au niveau de cette gare ne peut trouver d'explication. Ça fait des années que les problèmes de transport perdure. Mais aucune solution n'est prise pour atténuer les ennuis que nous vivons ».
La réalisation de l'autoroute à péage devait permettre de réduire la durée du trajet. Cela a été compromis par les embouteilles monstres qui sont le lot des automobilistes. Peu soucieux de la sécurité des usagers, ceux-ci sont réfractaires au code la route. C'est pourquoi « les accidents de la circulation sont fréquents. Nos routes sont des tombeaux ouverts. Quand les graves accidents surviennent, c'est l'émoi au sein de la population. Les pouvoirs publics prennent des mesures qui ne vont jamais être respectées. Aujourd'hui, si chacun se conforme aux normes de conduite, j'ose parier qu'il n'y aura pas d'accidents ». Qui plus est, les populations de ces banlieues lointaines ne bénéficient pas des avantages du train Express Régional TER, du Bus transit Rapid (Brt). DDD (Dakar Dem Dikk) qui dessert la zone brille par le déficit de son parc automobile et l'irrégularité des rotations des bus 311 et 220. Ils relient respectivement le Lac Rose Keur, Massar, Rufisque et Guédiawaye.