Au Soudan, les forces de soutien rapide (FSR), paramilitaires en guerre contre l'armée depuis plus de 13 mois, auraient commis un nouveau massacre. Au moins 100 personnes ont été tuées dans le village Wad al-Noura situé dans l'État d'al-Jazirah au centre du pays, ce mercredi 5 juin.
Le bilan provisoire du massacre qui a eu lieu à Wad el-Noura s'élève à 104 victimes civiles. Avec l'absence de communication et d'Internet coupés depuis plusieurs mois, il est très difficile d'avoir des témoignages directs. Des vidéos et des photos diffusées sur les réseaux sociaux par le comité de résistance de Wad el-Noura montrent des dizaines de corps allongés dans une fosse commune et entourés d'une foule d'habitants encore sous le choc.
L'armée et le comité de résistance de Wad el-Noura accusent les FSR, dirigées par Mohamed Hamdane Daglo, d'avoir commis ce massacre. Dans un communiqué, ces forces affirment avoir attaqué uniquement trois camps militaires autour du village.
Selon un habitant contacté par une chaine locale, le village de Wad al-Noura, qui vit d'élevage et d'agriculture, a été attaqué par des assaillants lourdement armés venus à bord de plus de trente pick-up Toyota. Les assaillants ont pillé les maisons et les voitures tout en tirant sur les résidents. Le journaliste Mekaoui Mohamed Ahmed, qui travaillait pour l'agence de presse soudanaise, fait partie des victimes tout comme son frère. Il avait fui la violence à Khartoum pour s'installer dans son village natal, au début de la guerre.
Condamnation ferme d'Antonio Guterres
Suite aux exactions commises en décembre dernier par les FSR à Wad Madani, capitale d'al-Jazirah, l'armée a distribué des armes légères aux civils dans les villages pour s'autodéfendre. Wad el-Noura a bénéficié de ce programme et avait son comité de résistance. Le centre de ce comité a été attaqué et la majorité de ses membres, qui n'ont aucune expérience militaire, ont été tués lors de l'attaque.
« Le secrétaire général condamne fermement l'attaque qui aurait été menée par les Forces de soutien rapide (FSR) contre le village de Wad al-Noura, dans l'État d'al-Jazira, qui aurait fait plus de 100 morts », a déclaré Stéphane Dujarric, appelant les parties au conflit à s'abstenir de toute attaque contre les civils.
Wad el-Noura est à la frontière de l'État du Nil blanc. Il est lié économiquement à Khartoum, le massacre qui l'a frappé est le plus grave dans l'État d'al-Jazirah dominé par les Forces de soutien rapide. Ces forces ont commis plusieurs autres massacres au Darfour et surtout dans la ville d'el-Geneina où l'on dénombre entre 10 000 et 15 000 victimes, selon un rapport de l'ONU. Ils sont accusés par Human Rights Watch de commettre un génocide.