Congo-Brazzaville: Réserves foncières de l'Etat - « Aucune terre n'a été vendue au Rwanda », assure le chef du gouvernement

Le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, a effectué les 4 et 5 juin une mission d'inspection et de certification des terres rurales dans les départements du Pool, de la Bouenza et du Niari. Il a expliqué à la population la nature des accords de partenariat économique stratégique conclus en avril 2022 entre le Congo et le Rwanda à Oyo, dans le département de la Cuvette.

Accompagné des ministres Pierre Mabiala, en charge des Affaires foncières et du Domaine public, et Thierry Moungalla, de la Communication et des Médias, le chef du gouvernement s'est entretenu avec les responsables des six sites qui font l'objet des autorisations provisoires d'occuper et un qui a reçu une autorisation expresse d'occuper.

Au terme de cette série de visites, Anatole Collinet Makosso a tiré quelques faits constants. « Il y a eu dans certaines localités que nous avons visitées, notamment à Madingou et un peu à Loudima, un sentiment général d'inquiétudes et de peur de la part de la population. Ceci au regard d'un certain nombre d'informations qui auraient été mises à leur disposition, faisant état d'une vente des terres congolaises au Rwanda ou à des sujets rwandais. Ce sentiment, nous pouvons le retenir comme un fait constant, nous ne pouvons pas l'ignorer. À tort ou à raison, ce sentiment de peur a envahi toute une partie de la population », a reconnu le Premier ministre.

En effet, à Aubeville (village Mboma), le chef du village a exprimé le sentiment de la population qui ne voudrait pas entendre parler de l'arrivée des Rwandais dans sa localité. Cependant, à Soulou, dans la sous-préfecture de Loudima, après avoir manifesté quelques inquiétudes, les habitants sont revenus à la raison suite aux explications du député de la localité, Pascal Tsaty Mabiala, et du ministre d'Etat, Pierre Mabiala.

Le second point constant retenu par le chef de l'exécutif est le fait qu'aucune terre n'a fait l'objet de vente ou de cession dans les localités visitées. « Nous avons tous suivi que la population n'a reçu sur ses terres aucune délégation rwandaise identifiée pour prendre possession des terres qui leur auraient été vendues. Ce qui remet en cause la fameuse vidéo qui circule. Aucune autorité locale n'a reçu officiellement une délégation rwandaise qui viendrait chercher à identifier les terres qui lui auraient été cédées », a-t-il expliqué.

Selon le constat, malgré l'attribution des autorisations provisoires ou express d'occuper, aucune activité n'a été entreprise pour la mise en oeuvre de ces terres. « Qu'il s'agisse de Louila à Kindamba, d'Aubeville, de Loudima, de Louvakou et de Makabana, on n'a reçu aucun acte qui puisse nous renseigner de ce que les bénéficiaires de ces autorisations ont commencé à exploiter ou à mettre en oeuvre ces sites. Ces autorisations ont été signées le 8 décembre 2022, nous espérons que des études d'impact environnemental et de sol auraient été déjà faites », espère le gouvernement.

Un débat désormais clos

D'après le gouvernement, ces autorisations provisoires d'occuper qui ont une validité de deux ans courent jusqu'au 8 décembre prochain. Si toutes les diligences n'ont pas été accomplies à cette date, ces documents seront frappés de caducité et ne devraeint pas faire l'objet de délivrance d'autorisation express d'occuper par la suite. « Ceux qui ont nourri ce bruit de vente de terres sont bien convaincus que c'est faux, parce qu'ils n'ont aucun document faisant état d'une cession. Les intellectuels, les politiques qui se sont lancés dans ce débat l'ont fait à des fins purement politiciennes, parce qu'ayant certainement voulu susciter la réaction de la population.

Je confirme que les intellectuels qui se sont livrés à de tels débats et qui aujourd'hui se lancent dans une sorte de course à l'échalote devraient assumer la gravité des actes qu'ils ont posés, parce qu'ils devraient utiliser les voies de recours en saisissant le juge administratif », a condamné Anatole Collinet Makosso. Il a souligné que l'épisode de l'affaire rwandaise est désormais clos, d'autant plus que l'élite congolaise a passé du temps à débattre d'un problème qui n'existe pas.

Pour le Premier ministre, même la population qu'on présentait en épouvantail est loin de ce débat, en dehors de la peur qu'on a voulu faire peser de façon générale sur elle. « Rien, absolument rien, ne laisse présager de ce que nous avons une situation de vente. Les textes pourraient être remis en cause non pas par xénophobie, ni par rwandophobie ; mais simplement au regard de l'application stricte des lois de notre pays. Prenant le cas de Massangui, si la société officielle s'est retirée peut-être à cause de ces spéculations, nous constaterons et tirerons les leçons pour voir si les Congolais estiment qu'ils peuvent se lancer dans cette activité ; sinon nous restons ouverts à toute forme de coopération et d' investissement », a-t-il prévenu.

Notons qu'à Massangui, une coopérative congolaise exploite les terres jadis réservées à la société Eleveco. Actuellement 110 personnes dont 107 Congolais et trois Rwandais sont en train de cultiver du maïs.

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