Ile Maurice: Les principales attentes de la classe syndicale

À quelques heures du Grand oral de Renganaden Padayachy, la classe syndicale garde l'espoir que ce sera un Budget axé sur des mesures sociales et non populistes en vue des prochaines élections générales qui s'approchent à grands pas.

Le président de la National Trade Union Confederation, Narendranath Gopee, parle d'un Budget qui devra servir de pont entre les pauvres et les riches. «Mais surtout que le gouvernement accorde plus de considération à ceux qui sont au bas de l'échelle. J'attends que ce Budget soit plus centré sur le côté social qu'électoraliste. Car, au cas contraire, ce sera un mauvais signe pour la population.»

Selon le syndicaliste, tout porte à croire que le gouvernement voudrait dépenser l'argent public, nous endetter, pour arriver à ses fins lors des prochaines législatives. «Le Budget devra, cette année, être juste et balancé. Et non pas encore une fois un Budget labous dou ou donner de l'argent sans raison valable.»

Quid de ses attentes concrètes ? Revoir la TVA, notamment, suggère Narendranath Gopee. Alors que pour Reeaz Chuttoo, membre de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP), ce Budget doit être pour ce gouvernement un moyen de corriger les injustices sociales, comme le réajustement salarial. Pour lui, cela devrait être le cas depuis mars. D'ajouter que dans certains secteurs, des postes pour les femmes n'ont pas de remuneration order et, de ce fait, elles n'ont toujours droit qu'au salaire minimum.

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Il faut aussi aligner les pensions sur le salaire minimum, estime Reeaz Chuttoo. Par exemple, il y a des veuves qui ne travaillent pas et qui touchent uniquement Rs 13 500 pour vivre alors que le salaire minimum est à Rs 16 500. Pour ce qui est de l'éducation, Reeaz Chuttoo déclare qu'il faudra aussi revoir les écoles spécialisées pour les enfants à besoins spéciaux. Même si l'éducation est désormais gratuite et que ces écoles reçoivent des allocations du gouvernement, les parents doivent toujours payer mensuellement les frais pour leurs enfants.

Reeaz Chuttoo pense aussi que le gouvernement doit venir avec l'introduction de la négociation sectorielle car depuis l'avènement du Covid-19, soit depuis 2020, plusieurs employés du secteur privé n'ont pas vu de hausse dans leur salaire. Le membre de la CTSP est aussi d'avis qu'il faut une mesure pour combattre l'inflation. Par exemple, venir avec une politique qui viserait à ce que les prix des produits locaux soient fixés. «La pomme d'amour, par exemple, pourrait être stockée et transformée. Au lieu de les laisser dans les champs lorsque le prix est trop bas pour ensuite importer la tomate en boîte d'Italie.»

Le président de la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions (FPBOU), Deepak Benydin, abonde dans le même sens que Reeaz Chuttoo. Outre le réalignement des salaires qui est primordial, selon lui, il faut aussi un contrôle strict sur les prix. «Il est vrai que le prix du fret continue à augmenter et cela malgré tous les efforts du gouvernement. Il faut désormais des subsides sur plusieurs autres denrées alimentaires et pas seulement sur le riz ration ou la farine entre autres.»

Deepak Benydin plaide également pour une carer allowance au même taux que le salaire minimum pour les personnes âgées qui sont alitées. Sur le changement climatique, il parle de l'introduction d'un disaster leave aux employés et l'extension du «maternity leave» aux femmes. «En plus de cela, il faudra donner des incitations aux jeunes mariés pour les encourager à avoir des enfants car cela serait à la longue un investissement pour la main-d'oeuvre. Il ne faut pas oublier que Maurice a une population vieillissante.»

Le président de la FPBOU veut aussi que le pays soit plus «disability-friendly». Avec des routes et des trottoirs adaptés pour les personnes en fauteuil roulant. «Souvent, on les fait circuler sur les fauteuils au milieu de la rue à Port-Louis car le trottoir est trop étroit.» Il dit aussi attendre des mesures qui prôneraient la méritocratie dans les corps parapublics, le combat pour plus d'égalité dans le système de l'éducation, le développement de l'économie bleue ou encore l'exemption fiscale pour tous ceux qui touchent un revenu ne dépassant pas Rs 650 000 par an.

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