Les opposants au sein de la plateforme Firaisan-kina vont saisir les instances judiciaires pour dénoncer les irrégularités durant les législatives et vont mettre en place le KMSB dans tous les districts. Les membres du Kolekitifa Malagasy ne sont pas de la partie.
Il fallait s'y attendre. Les résultats des législatives du 29 mai dernier sont vivement contestés par les opposants. Hier, à l'hôtel Le Hintsy Ambohimanambola, la plateforme Firaisankina a réuni ses partisans pour discuter des irrégularités alléguées et des fraudes qui, selon eux, ont entaché le scrutin. Marc Ravalomanana, leader de Firaisankina, a pris la parole pour exprimer son indignation : « Ce fut une élection entachée de fraudes et d'irrégularités ». Cette déclaration reflète le sentiment général de la plateforme qui a présenté des candidats dans une soixantaine de districts.
Manipulations
La réunion a rassemblé plusieurs figures de proue du Firaisankina, notamment les chefs de partis comme Auguste Paraina et Rivo Rakotovao. Siteny Randrianasoloniaiko, empêché, a été représenté par Jean Jacques Rabenirina. Devant une assistance composée de nombreux candidats de la plateforme, Marc Ravalomanana a également dénoncé les « manipulations électorales ». « Le trucage des votes est très évident. Il y a eu de nombreuses manipulations au sein des bureaux de vote et du SRMV », a-t-il soutenu. Et de poursuivre que « les dirigeants manipulent les résultats pour que les candidats du gouvernement soient élus à tout prix alors même que l'on sait déjà qu'ils ont perdu ».
Correctionnel
Ils comptent, en effet, porter plainte devant la Haute cour constitutionnelle, HCC « afin d'annuler des votes obtenus par les candidats qui ont enfreint la loi et l'annulation de l'élection dans les bureaux de vote où des fraudes ont été constatées ». Dans cette démarche, les opposants visent à remettre en question les résultats dans les circonscriptions où des « irrégularités significatives » ont été relevées.
En parallèle, le Firaisankina prévoit également une action en justice devant le tribunal correctionnel. Cette plainte vise à « traduire les responsables des infractions » et à garantir que ceux qui ont manipulé les résultats soient tenus responsables de leurs actes. Les opposants comptent également déposer une plainte auprès de la commission électorale pour que les anomalies soient officiellement reconnues et traitées.
Fonctionnaires
Ces actions judiciaires marquent une étape dans la contestation des résultats électoraux par les opposants du Firaisankina. « Nous ne ferons aucun compromis et ne laisserons pas le peuple seul face aux violations et fraudes visant à manipuler le choix des électeurs. Afin de protéger l'État de droit et la démocratie, le choix des électeurs doit être protégé », a martelé Marc Ravalomanana.
« Il est nécessaire de punir ceux qui ont enfreint la loi et qui sont responsables de nombreuses bavures tout au long du processus électoral », poursuit-il. « Il faut que les fonctionnaires ayant violé la loi lors du processus électoral soient traduits devant le Conseil de Discipline de la Fonction Publique », exhorte-t-il. Et d'enfoncer que « face aux irrégularités avérées, il semble que les mesures prises par la CENI ne sont pas évidentes ». Aussi, « les candidats qui se sont présentés aux élections ont toutes les preuves », affirme-t-il.
Districts
Les regards sont désormais tournés vers les autorités compétentes pour examiner ces plaintes de l'opposition et assurer une réponse adéquate aux accusations de fraudes et d'irrégularités. Entre-temps, la plateforme Firaisankina compte mettre en place un comité de vigilance post-électorale, le KMSB ou Komity Miaro ny Safidim-bahoaka. Ce comité sera créé dans tous les districts, a-t-on annoncé. « Quel que soit le parti politique ou l'organisation à laquelle vous appartenez, nous devons unir nos forces pour mettre fin aux fraudes électorales constatées partout », a exhorté, hier, Marc Ravalomanana.
Division
La réunion d'hier à Ambohimanambola marque une nouvelle étape dans la stratégie de contestation des opposants, et il est à prévoir que les prochains jours seront marqués par d'autres prises de position fermes. Pourtant, elle a encore une fois de plus démontré la division au sein de l'opposition. L'absence de la plateforme Kolekitifa Malagasy dans cette initiative témoigne la fragilité des opposants, alors que certains ténors de cette autre plateforme ont participé, la veille, aux côtés des leaders du Firaisankina, à la réunion préparatoire de cette rencontre à Ambohimanambola.