Madagascar: Biodiversité - 28 000 lémuriens en captivité

La détention illégale de lémuriens est punie et interdite par la loi malgache. Outre la méconnaissance des lois en vigueur, c'est l'incivilité, sous couvert de l'amour pour les animaux, qui est l'une des causes favorisant cette pratique.

Si les lémuriens ne sont pas victimes de braconnage pour être expédiés ailleurs dans d'autres pays, ils font l'objet de chasse pour être destinés à la consommation. Une autre pratique, tout aussi nuisible, est également observée presque dans toutes les régions du pays, la détention en captivité de ces espèces protégées et en voie de disparition.

Selon le Pr Jonah Ratsimbazafy, Président du Groupe d'Etudes et de Recherche sur les Primates de Madagascar (GERP) et non moins Président de l'International Primatological Society « environ 28 000 lémuriens sont actuellement détenus en captivité de façon illégale dans le pays ». Des sensibilisations ont été menées par des organismes oeuvrant dans la conservation de l'environnement afin d'interpeller les Malgaches sur la nécessité d'abandonner ces pratiques.

« Cela fait des années qu'on sensibilise les gens sur l'importance de ne pas garder les lémuriens en captivité. A force de sensibilisation, certaines personnes acceptent de les rendre », nous confie le Pr Jonah Ratsimbazafy.

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A en croire cet éminent scientifique malgache, ces efforts de sensibilisation sont confrontés à une problématique majeure actuellement : l'incapacité de l'Etat à disposer de plan, de stratégie et de dispositifs permettant l'accueil et la réintroduction de ces espèces dans leur milieu naturel. A cela s'ajouterait l'inapplication des lois et règlements en vigueur.

Les dispositions de la loi n°2015-005 portant refonte du code de gestion des aires protégées est toutefois claire. Dans son article 55 alinéa 30 par exemple, la loi dispose : « sans préjudice des infractions prévues, notamment par la législation forestière cynégétique, minière, halieutique et en matière de pêche, des ressources biologiques, de faune et de flore, constituent des infractions lorsque commises sur des sites dûment reconnus comme Aire Protégée : toute détention de végétaux, d'animaux ou de produits miniers, produits de pêche et autres provenant de l'Aire Protégée en vue de vente ».

L'article 56 de cette loi de continuer : « toute espèce de faune et de flore irrégulièrement détenue, transportée, ou mise en vente surprise en dehors d'une Aire Protégée est présumée avoir été prélevée à l'intérieur de celle-ci... ».

Cette même loi punit ainsi d'une « peine de travaux forcés à temps et d'une amende de 100 000 000 à 2.000.000.000 d'ariary » « tout prélèvement ou toute altération d'animaux, de végétaux, de monuments ou tout autre objet sans autorisation du ministère chargé des aires protégées après avis conforme du gestionnaire ».

La non application de la loi se reflète sur le cas des sept personnes qui ont tué des lémuriens dans le district de Maroantsetra au mois de mars dernier. « Ces personnes n'ont écopé que d'une peine d'emprisonnement d'un an avec sursis et d'une peine d'amende symbolique », déplore le Pr Jonah Ratsimbazafy.

La raison avancée pour motiver une telle décision de (in) justice serait la « période électorale ». L'on ne voudrait pas appliquer la loi par peur de révolte populaire pendant que les espèces qui font l'une des identités du pays disparaissent à vitesse grand V.

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