À Madagascar, l'ambition du projet « Un logement digne pour Toutes et Tous » qui s'achève ce mois-ci, après trois ans de chantier, est de changer le visage d'un des plus vastes bidonvilles d'Antananarivo et la vie de ses habitants. Financé par l'Agence française de développement (AFD) et la fondation Abbé Pierre à hauteur de 1,1 millions d'euros, il a permis à près de 600 habitants d'accéder à des logements dignes et adapté à leur environnement. De quoi adoucir, un peu, le quotidien de 200 familles de ces quartiers défavorisés. Reportage dans le 4ème arrondissement de la capitale.
Des façades de briques, soignées et colorées, ont remplacé les anciens logements faits de tôle et de bois. Ici, les eaux usées encerclent les habitants. Mais aujourd'hui, elles ne risquent plus, à chaque saison des pluies, de déborder à l'intérieur des maisons surélevées d'un mètre de hauteur.
Marie-Jeanne, habitante de ce bidonville d'Ivolaniray depuis 15 ans a vu son logement de fortune, autrefois réduit à un simple dortoir, devenir un havre de tranquillité. « Par rapport à notre ancienne maison, ici, c'est le paradis ! Avant, on vivait dans les eaux usées qui débordaient du canal. L'eau de pluie tombait aussi de tous les côtés, par le toit, par la gauche, par la droite. Maintenant les enfants peuvent jouer dans la cour tranquillement. Avant, on avait peur qu'ils attrapent des maladies ou qu'ils tombent dans l'eau », décrit-elle.
Chantier le plus inclusif possible
Ce chantier, l'association Fonenana Mendrika (AFM), chargée de la mise en oeuvre du projet, l'a voulu le plus inclusif possible. Les bénéficiaires ont dû non seulement s'impliquer dans les travaux, mais aussi faire un effort financier : 10 à 50% du coût de rénovation sont à leur charge. Un paramètre essentiel pour Haingo Maharoniaina, coordinatrice des opérations.
« Quand on parle des quartiers populaires, pour les habitants d'Antananarivo, on pense toujours à insécurité, insalubrité, que ce sont des gens impolis, qui vont toujours attendre l'assistanat. On voulait changer ce regard-là, ils ont leurs opinions, leurs propositions. C'est vraiment important pour de valoriser leur vision et leur compréhension de leur situation dans le quartier populaire d'Antananarivo. Ça change leur vie et ça change aussi le regard des autres par rapport à eux. »
Le projet aux impacts visibles et immédiats reste pour l'heure réalisé à une échelle limitée. Selon l'ONU, 72% de la population malgache occupe aujourd'hui ces quartiers précaires.