Une cinquantaine de prisonniers, dont trois Américains, sont dans le box des accusés du procès de la "tentative de coup d'Etat" du 19 mai à Kinshasa.
Le procès de la "tentative de coup d'Etat" que l'armée congolaise dit avoir déjouée le 19 mai s'est ouvert ce vendredi 7 juin devant un tribunal militaire de Kinshasa en République démocratique du Congo. Il a été suspendu en fin de journée et doit reprendre le 14 juin.
Les faits concernés "sont passibles de la peine de mort", a déclaré au début de l'audience le président du tribunal militaire de Kinshasa-Gombe.
Notre correspondant sur place, Jean-Noel Ba-Mweze, a assisté à cette première journée de procès. Il rappelle que, "il y a quelques temps, la peine de mort a été rétablie en République démocratique du Congo, dans le but de décourager les traîtres parmi les militaires".
Si les prévenus sont des civils, ils seraient "assimilés aux militaires" parce qu'ils sont accusés d'avoir utilisé des armes pendant la tentative de putsch. Ce vendredi, devant les juges ont été disposés une dizaine de fusils d'assaut et diverses autres pièces à conviction. "C'est la raison pour laquelle ils comparaissent devant le tribunal militaire de Kinshasa", explique Jean-Noel Ba-Mweze.
Une "tentative de coup d'Etat" entourée de zones d'ombres
Les chefs d'accusation retenus dans ce dossier sont "attentat, terrorisme, détention illégale d'armes et munitions de guerre, tentative d'assassinat, association de malfaiteurs, meurtre, financement du terrorisme".
Se présentant comme maçon, enseignant, cultivateur, artiste plasticien, journaliste ou serveur, tous les accusés ont été informés des faits qui leur sont reprochés.
En fin de nuit, le dimanche 19 mai à Kinshasa, dans le quartier de la Gombe, plusieurs dizaines d'hommes armés avaient attaqué le domicile d'un ministre, Vital Kamerhe, devenu depuis président de l'Assemblée nationale. Deux policiers commis à sa garde avaient été tués.
Les assaillants avaient ensuite investi, non loin de là, le palais de la Nation, bâtiment historique abritant des bureaux du président Félix Tshisekedi. Leur aventure s'était arrêtée là, avec l'intervention des forces de sécurité.
La question des extradition des prévenus étrangers
Parmi les personnes qui ont été tuées lors de l'attaque figurait Christian Malanga, le leader présumé du groupe. Son frère, Marcel Malanga, 21 ans, est également inculpé. Il est de nationalité américaine, tout comme Taylor Christian Thomson, 21 ans, et Benjamin Reuben Zalman-Polun, 36 ans.
La question de leur extradition se pose notamment. Selon le correspondant de la DW, l'avocat de Marcel Malange "s'est montré réservé" face à cette hypothèse. "Mais certains autres avocats à la prison de Ndolo ont été optimistes en vue d'une extradition", tout en estimant qu'il est trop tôt pour se pencher sur cette question.
Le cas de Jean Jacques Wondo
Quatre femmes se trouvent également parmi les prévenus. L'un des avocats assure que sa cliente est innocente. "Elle a été prise d'une manière irrégulière puis incriminée pour les mêmes faits de ceux qui avaient tenté un coup d'Etat après ces événements malheureux. Son frère a été attaqué, elle a été victime de confiscation de ses biens matériels", explique-t-il au micro de la DW, déplorant que sa cliente n'a pas pu être assistée juridiquement depuis son arrestation.
Enfin, également parmi les accusés, se trouve Jean-Jacques Wondo, un expert militaire belge bien connu à Kinshasa, arrêté deux jours après les faits, le 21 mai.
Jean Jacques Wondo est accusé d'être un "complice de Christian Malanga", car il "aurait fourni un moyen de transport" aux présumés putschistes, a expliqué son avocat, Me Masingo Shela. Il "ne reconnaît rien de ce qui lui est reproché. Il est préparé à se défendre", avait-il assuré avant l'audience.