La tension entre le Niger et le Bénin ne retombe pas. Bien au contraire, les choses semblent aller de mal en pis. En effet, alors que l'on s'attendait à une décrispation de l'atmosphère entre les deux voisins, suite à la décision des autorités de Cotonou de lever définitivement le blocus qu'elles avaient imposé, en début mai, sur le brut nigérien, est survenu un autre incident susceptible de jeter de l'huile sur le feu.
De quoi s'agit-il ? Cinq ressortissants nigériens, accusés d'être des espions, ont été arrêtés en territoire béninois. Selon le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), ces Nigériens, « au lieu d'emprunter l'entrée principale et de s'enregistrer à la guérite, ont préféré utiliser une entrée dérobée située à l'arrière du site ». Vrai ou faux ? On ne saurait répondre objectivement à cette question. Toujours est-il que ce nouvel incident traduit toute la crise de confiance qu'il y a entre le Bénin et le Niger, deux pays qui, pourtant, entretiennent des liens historiques, culturels et sociologiques très profonds.
A preuve, peu avant l'arrestation de ces fonctionnaires nigériens au Bénin, Niamey, par la voix de son Premier ministre, avait ouvertement accusé son voisin de servir de base- arrière aux terroristes qui l'attaquent régulièrement. Toute chose qu'avait immédiatement rejetée le Bénin qui, il est bon de le rappeler, a aussi enregistré plusieurs attaques terroristes sur son sol.
Il urge qu'une solution soit trouvée à la crise entre les deux voisins
Cela dit, s'il y a des gens qui pourraient se gargariser de la guéguerre qui n'en finit pas, entre Cotonou et Niamey, ce sont les groupes armés terroristes qui n'en demandent pas plus pour continuer de semer la mort et la désolation sur leur passage. D'où la nécessité pour les dirigeants Patrice Talon et Abdourahamane Tchiani de dépasser leur ego surdimensionnés afin de travailler à l'apaisement.
Car ce qui compte le plus ici, c'est beaucoup moins leurs personnes respectives, que les intérêts de leurs peuples qui, n'eussent été les effets pervers de la colonisation, ne connaissent pas de frontières entre eux. En tout cas, il urge qu'une solution soit trouvée à la crise entre les deux voisins, consécutive aux sanctions prises par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) contre les tombeurs de Mohamed Bazoum. La suite, on la connaît. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts si fait que lesdites sanctions ont été levées.
Mais les nouveaux maîtres de Niamey n'ont visiblement pas digéré l'attitude de leur voisin à qui ils semblent vouloir faire rendre gorge à travers des mesures de représailles qui ne disent pas leur nom. Ils n'ont peut-être pas tort. Toutefois, il ne faudra pas perdre de vue qu'il est pratiquement difficile voire impossible de vivre en paix si l'on n'est pas en bons termes avec ses voisins. C'est pourquoi, il faut travailler à sauver ce qui peut l'être encore. Car, à vouloir trop tirer sur la corde, elle finit par se casser. Cela dit, on croise les doigts, espérant que la raison prévaudra et que l'on n'en arrivera pas là.