La publication des résultats provisoires par la Céni des élections législatives malgaches devait avoir lieu samedi 8 juin 2024, mais est finalement reportée au mardi 11 juin 2024. La commission électorale a par ailleurs annoncé suspendre la publication des tendances qu'elle effectuait jusqu'alors quotidiennement sur sa page Facebook. Des changements de dernière minute qui viennent ajouter de la tension dans un contexte post-électoral déjà électrique
Une simple « réorganisation de planning pour se laisser plus de temps et répondre à certains imprévus » : voilà comment la Céni justifie, par la voix de son rapporteur général Soava Andriamarotafika, les changements qu'elle vient d'opérer.
« Ce n'est pas un retard, mais nous avons besoin d'un peu plus de jours pour traiter tous les procès-verbaux. Nous nous sommes basés sur le calendrier de l'élection présidentielle. Or, les élections législatives, il y a une difficulté parce qu'il y a 120 circonscriptions électorales [119 circonscriptions en novembre dernier, lors de la présidentielle, NDLR]. Ça rajoute une autre difficulté, surtout pour le transport des matériels de vote qu'il faut remonter au siège de la Céni [tout comme pour l'élection présidentielle, NDLR]. »
Des justifications peu entendables, confient plusieurs candidats à RFI, puisque les contraintes logistiques sont à peu de choses près les mêmes que pour la présidentielle.
Le porte-parole de la Céni reconnait également que les nombreuses demandes de confrontation de procès-verbaux des différents concurrents ont considérablement ralenti la publication des tendances dans certains districts. Concernant l'arrêt de cette publication des tendances, la Céni considère de toute manière que les jeux sont faits. « Nous avons déjà traité et publié 27 000 procès-verbaux [sur 28 124]. Donc il n'y a plus que 1 000 procès-verbaux à traiter. Donc il n'y a plus de suspense. »
« Ça sent la magouille, ça crée de la suspicion »
Il s'avère, après observations des différentes publications Facebook de la Céni, que les tendances de plus de 10 000 bureaux de votes manquent encore à l'appel. Le cas de la circonscription d'Antanofotsy, dans laquelle le candidat de l'opposition Narson Rafidimanana tente de se faire réélire, est à lui seul emblématique. « Ils n'ont publié les tendances de seulement 4 bureaux de vote sur 318. Pourquoi la Céni s'est-elle arrêtée, sans donner d'explications ? Il n'y a pas eu d'émeutes, à Antanofotsy : il n'y a rien eu ! Et pourquoi changer les dates sans prévenir qui que ce soit ? Pourquoi ne pas suivre le calendrier qu'ils avaient annoncé ? Ça sent la magouille, ça crée de la suspicion. C'est pour ça que la plateforme de l'opposition a créé des comités de défense des électeurs dans chacun des districts. »
Le Premier ministre a de son côté prévenu d'une tolérance zéro contre tout fauteur de trouble.