Cote d'Ivoire: «Conditionner l'accès à l'avortement à une information judiciaire va être un grand frein pour les victimes»

En Côte d'Ivoire, la militante féministe Sylvia Apata s'insurge contre un nouveau texte encadrant l'avortement et qui l'autorise en cas de viol, de menace grave pour la mère et, désormais, d'inceste : « Je pense qu'on devrait purement et simplement arriver à l'autorisation de l'avortement à toutes les femmes sans y mettre toutes ces conditions-là qui sont de nature à ne pas permettre la jouissance effective de ce droit. »

En Côte d'Ivoire, l'Assemblée nationale a adopté le 6 juin 2024 un nouveau texte encadrant l'avortement. Contrairement à celui de 2019, qui ne l'autorise qu'en cas de viol et lorsque la vie de la mère est gravement menacée, le nouveau projet de loi ajoute à cela, les cas d'inceste.

Le texte indique également qu'avant d'interrompre la grossesse le médecin doit avoir la preuve de l'ouverture d'une information judiciaire pour viol et une demande écrite de la victime. « Ces conditions pourraient constituer un frein pour les victimes », estime la militante féministe ivoirienne Sylvia Apata.

Mais il faut, selon elle, vaincre les pesanteurs sociales et parvenir à l'autorisation pure et simple de l'avortement en Côte d'Ivoire, souligne-t-elle au micro RFI de notre correspondant à Abidjan, Abdoul Aziz Diallo.

« On devrait purement et simplement arriver à l'autorisation de l'avortement pour toutes les femmes »

« L'état de viol, tout ce qui concerne les violences faites aux femmes, les violences sexuelles, sont sujettes à beaucoup de pesanteurs socioculturelles, affirme-t-elle. Dans la pratique, ce sont des cas où les familles aiment contraindre les victimes à résoudre à l'amiable. Donc, déjà, si on doit conditionner l'accès à l'avortement à l'information judiciaire, je pense que ça va être un grand frein pour les victimes ».

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Elle poursuit : « On aurait pu tout simplement se limiter au constat du médecin et qu'il est clairement établi qu'il y a eu un viol et la victime doit pouvoir demander à se faire avorter si, éventuellement, elle le veut. Ça fait partie des droits fondamentaux de la femme. Je pense qu'on devrait purement et simplement arriver à l'autorisation de l'avortement à toutes les femmes sans y mettre toutes ces conditions-là qui sont de nature à ne pas permettre la jouissance effective de ce droit. Le sort du corps de la femme ne peut pas et ne doit pas être décidé par un tiers. »

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