À Madagascar, l'Assemblée nationale est dans l'attente de son renouvellement. En attendant, le mandat des députés actuels court encore : les représentants du peuple s'apprêtent aujourd'hui à voter la loi de finances rectificative marquée par des coupes budgétaires.
Équilibrer les dépenses et les recettes de l'État : c'est tout l'enjeu de cette révision budgétaire qui sera soumise au vote dans lundi après-midi. Vendredi, au cours de la présentation du projet de loi aux députés, la Ministre de l'Économie et des Finances, Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison a annoncé que les objectifs fixés pour le premier semestre de 2024 n'avaient pas été atteints. Les recettes fiscales ont notamment été bien en deçà des prévisions.
L'État doit donc se serrer la ceinture. Sauf amendement, le budget de chaque ministère devrait être réduit de presque 5%. La ministre a confirmé les propos du président de la République qui avait déclaré en mai que des budgets d'investissement des ministères avaient dû être réduits quasiment de moitié au profit de la Jirama, la compagnie nationale de distribution d'eau et d'électricité.
Sauf amendement, les budgets d'investissements des ministères doivent être réduits de moitié. Une opération au profit de la Jirama, la compagnie nationale de distribution d'eau et d'électricité.
En effet, le secteur énergie bénéficie des plus grosses rectifications. Il absorbera à lui-seul 7% du budget (1 032 milliards d'ariary, soit environ 215 millions d'euros) dont près de la moitié sera utilisé pour rembourser les dettes de la Jirama. Un budget trois fois plus élevé que celui attribué au ministère de l'eau. Plus élevé aussi que celui de la Santé. Un budget énorme, donc, et pour lequel aucun plan de relance clair et transparent n'a pour l'instant été rendu public.
Le gouvernement a par ailleurs décidé de maintenir le gel des prix du carburant pour les mois à venir, malgré les recommandations du FMI. Un refus d'une « vérité des prix » à la pompe qui vient grever un peu plus le budget, puisque l'État doit prendre en charge le coût de ce carburant subventionné. Le solde de la dette de l'État envers les pétroliers pour les années 2023 et 2024 s'élève aujourd'hui à 158 milliards d'ariary, équivalent à 32,8 millions d'euros.
Malgré des réductions budgétaires drastiques, le texte présenté ce jour, précise la ministre, « entend néanmoins préserver les grands équilibres macro-économiques ». En d'autres termes, réduire les dépenses sans affecter les services publics essentiels ni provoquer de troubles sociaux. Un défi de taille pour les autorités malgaches.