Ile Maurice: Deux décennies de mystères et de rebondissements

Ce crime crapuleux continue de fasciner et de hanter les esprits, avec ses rebondissements troublants au fur et à mesure que le procès intenté à Bernard Maigrot se déroule depuis le 20 mai en cour d'Assises.

Le décès brutal et mystérieux de Vanessa Lagesse, styliste de renom, retrouvée dans son bungalow à Grand-Baie en 2001, a suscité des soupçons et controverses qui perdurent jusqu'à aujourd'hui.

Entre les révélations de sa relation tumultueuse avec Bernard Maigrot, des protagonistes qui se sont volatilisés et des coups de théâtre judiciaires ponctués d'interrogations sur les preuves scientifiques, cette affaire reste un puzzle complexe aux pièces manquantes et aux zones d'ombre intrigantes.

L'innocence ou la culpabilité de Bernard Maigrot reste à prouver alors que les faits, les témoignages et les preuves tentent encore de déceler la vérité derrière le voile opaque qui entoure la mort tragique de la jeune femme. Passons en revue les protagonistes et les principaux éléments de l'enquête...

● Vanessa Lagesse

Il y a 23 ans, en mars 2001 plus précisément, le corps de Vanessa Lagesse, styliste de renom, alors âgée de 32 ans et héritière d'une des plus grosses fortunes sucrières, est retrouvé dans la baignoire de son bungalow à Grand-Baie.

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Les circonstances de sa mort, caractérisées par des blessures et des indices troublants, suscitent rapidement les soupçons des autorités quant à un coupable qui serait proche de la victime. Elle a été agressée mortellement dans sa chambre avant d'être transportée, partiellement dévêtue, dans sa baignoire. C'est Jayraz Sookun, son jardinier, qui fait la découverte du corps de sa patronne flottant dans sa baignoire et alerte immédiatement la police.

Anne Rogers, la soeur de la victime, qui a témoigné au procès la semaine dernière, a révélé que la famille était au courant de la relation de Vanessa avec Bernard Maigrot, mais qu'elle la désapprouvait. Elle a qualifié cette relation de «compliquée», soulignant qu'elle durait depuis 1993.

Plusieurs personnes seront interrogées dans l'enquête policière. Parmi elles, Josiane Tostée, la mère de la victime, et son deuxième époux, Maurice, arrêtés et accusés provisoirement d'assassinat avant que les charges ne soient abandonnées. Thierry Lagesse, son cousin chargé de gérer la fortune, a été vivement critiqué pour l'avoir fait incinérer et l'affaire a été alimentée par une histoire de montre donnée à la victime et récupérée par Thierry, ainsi qu'une rencontre avec la police au Gymkhana, qui a suscité beaucoup d'intérêt médiatique. À ce jour, un seul suspect a été inculpé : son amant Bernard Maigrot.

● Bernard Maigrot

Après son interrogatoire, l'homme d'affaires est arrêté le 23 avril 2001 et comparaît au tribunal le lendemain. Son avocat, Ivan Collendavelloo, présente une motion pour sa libération sous caution qu'il obtient le 6 juillet 2001. Le dossier complet est soumis au bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP). Il passe aux aveux après un interrogatoire musclé mené par les hommes de l'inspecteur Prem Raddhoa.

Toutefois, lors de sa comparution au tribunal de Mapou, il affirme avoir avoué sa culpabilité après avoir été victime de brutalité policière. Bernard Maigrot clame son innocence depuis le début. Une enquête préliminaire est instituée le 7 mai 2003 pour faire la lumière sur les circonstances de la mort de la styliste.

Après l'audition des témoins, l'ex-magistrat Azam Neerooa, qui présidait l'enquête, défère Bernard Maigrot aux Assises le 28 novembre 2007. Le DPP d'alors, Me Gérard Angoh, prononce un non-lieu en sa faveur et il est de nouveau un homme libre.

Considéré comme le principal suspect du meurtre de Vanessa Lagesse, Bernard Maigrot fait face à un procès en cour d'Assises 23 ans après ce crime toujours non-élucidé

Toutefois, un nouveau développement survient avec un ordre pour une nouvelle enquête le 4 juillet 2008. Celle-ci durera trois ans avec l'assistance des autorités françaises. Des pièces à conviction, dont des échantillons d'ADN, sont envoyées en France pour analyse. La police annonce la réouverture du procès le 28 décembre 2010 et réclame une nouvelle déposition de Bernard Maigrot. Celui-ci n'obtempère pas et déclare aux enquêteurs ne pas avoir été informé de nouvelles preuves à son encontre.

Le 3 juin 2011, il est de nouveau arrêté, et l'enquête est complétée le 11 août 2011. Une nouvelle accusation est portée contre lui aux Assises le 18 mai 2012. Entre-temps, Me Gavin Glover, Senior Counsel (SC), est devenu son avocat. Le dossier est confié au juge Prithviraj Fekna, mais après son décès, l'enquête préliminaire doit reprendre le 5 septembre 2019, sous la responsabilité d'un autre juge. Malgré plusieurs motions de la défense rejetées, la pandémie de Covid19 va interrompre les audiences de la cour et à la reprise des travaux, le dossier est transféré au juge Luchmyparsad Aujayeb.

Une liaison de huit ans

Dans sa déclaration lue en cour par l'ex-surintendant Daniel Monvoisin, Bernard Maigrot affirme avoir eu une «liaison amoureuse» avec la styliste

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