Ile Maurice: Le ministre de l'Environnement pris la main dans le pot de confiture ?

Plus le ministre et le ministère de l'Environnement se défendent, plus l'affaire Square Deal devient cocasse face aux assauts de Joanna Bérenger. Dans une autre vidéo datée du 6 juin, la députée mauve attire l'attention sur d'autres anomalies liées à l'affaire RamanoSquare Deal.

Pour bien comprendre, revenons au commencement : un premier certificat de propriété est émis le 29 avril par l'étude Ramano en faveur de Square Deal Multi-Purpose Cooperative Society pour un projet de morcellement, certificat qui allait être utilisé pour la demande d'un certificat d'Environmental Impact Assessment (EIA) auprès du ministère de Kavy Ramano.

La députée mauve en fait état le 4 juin et se demande s'il n'y a pas un conflit d'intérêts dans cette affaire, l'étude de Ramano, le notaire, émettant un certificat qui sera utilisé par Ramano, le ministre, pour octroyer un certificat EIA.

Le même jour, soit le 4 juin, Kavy Ramano, à travers un communiqué, condamne l'émission de ce certificat par son étude. Il ne dit pas qui a signé ce certificat mais rappelle que lui, Ramano, n'a pas le droit de signer des documents notariaux depuis qu'il est devenu ministre en novembre 2019. Pour ça, tout le monde est d'accord, sinon il serait coupable de «moonlighting» (NdlR, d'effectuer un travail supplémentaire, ce qui est illégal puisqu'il est ministre).

Le 5 juin, c'est le ministère de l'Environnement qui intervient, pas le ministre, en émettant un communiqué expliquant qu'il avait reçu une demande de certificat EIA de Square Deal le 8 mai 2024 et que durant le «pre-assessment» de cette demande - la date du «pre-assessment» n'est pas donnée - le ministère a remarqué que le certificat de propriété émis par l'étude Ramano n'était pas «in order».

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Et que le ministère a demandé le 21 mai - cette date-ci est donnée - à Square Deal de soumettre un autre certificat de propriété venant d'un «practising notary». Ce que Square Deal aurait fait le 22 mai.

Le 6 juin, Joanna Bérenger découvre qu'effectivement, un autre certificat notarial a été émis à Square Deal le 22 mai par un «practising notary», Soudesh Roopun, frère du président de la République et connu plutôt pour ses frasques de notaire.

La députée mauve en remet une couche sur sa page Facebook et se demande pourquoi, si le ministère a découvert que le certificat n'était pas valable dès le début, «during pre-assessment», n'a-t-il réagi que le 21 mai ? Elle se demande aussi si le certificat n'a pas été posté en fait le 5 juin : «Eski finn backdate sa nouvo sertifikala kan inn trouv beze inn leve avek sertifika ki Ramano so biro inn signe ? Eski si nou pa ti remark sa, tousala ti pou pas trankil?»

La question cruciale est donc : est-ce que le ministère de Ramano allait accepter ce certificat non valide si Joanna Bérenger n'avait pas tiré la sonnette d'alarme le 4 juin ? Bref, est-ce que le ministère de l'Environnement a accepté un certificat antidaté venant du notaire Soudesh Roopun ?

Si cela s'avère, il y aurait eu faux en écriture de ce dernier et complicité du fonctionnaire du ministère de l'Environnement qui aurait accepté ce faux. Soudesh Roopun, lui, maintient que le certificat a bien été émis le 22 mai et non après. Mais quand nous avons voulu lui poser d'autres questions, il nous a raccroché au nez.

Ce qui est sûr - et c'est important - c'est que le nouveau certificat de propriété émis par Soudesh Roopun vient d'apparaître «comme par magie», s'étonne Joanna Bérenger, sur le site de l'Economic Development Board (EDB) le 5 juin. Si le ministère de l'Environnement avait reçu ce nouveau certificat depuis le 22 mai, pourquoi ne l'a-t-il mis en ligne que le 5 juin, se demande la députée.

Nous avons demandé depuis vendredi matin au ministre Kavy Ramano la date à laquelle le nouveau certificat de propriété émis par le notaire Roopun en faveur de Square Deal a été posté sur le site de l'EDB et s'il a été payé par Square Deal pour les frais du certificat émis par son étude. Mais nous n'avons reçu aucun retour.

Chez EDB, on nous informe qu'en fait, ce sont les ministères concernés qui téléchargent ces documents sur cette plateforme de National Electronic Licensing System et que l'EDB ne fait qu'héberger le site.

La députée du MMM se pose une autre question : pourquoi Ramano ne poursuit-il pas la personne qui a signé le premier certificat en son nom ? D'ailleurs, à ce jour, personne ne sait qui est ce signataire mystérieux...

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