Madagascar: Des résultats à haut risque

Tous les regards sont braqués sur la CENI qui s’apprête à proclamer les résultats provisoires du scrutin du 29 mai.

A Madagascar, la publication des résultats provisoires des législatives de fin mai dernier est attendue, ce mardi 11 juin 2024, dans un contexte tendu.

Après le rendez-vous manqué du week-end écoulé, dû à des « imprévus », on espère que cette fois-ci sera la bonne pour la Commission nationale électorale indépendante (CENI).

Au coeur de toutes les attentions, l'institution chargée de l'organisation des élections va délivrer les partisans de la coalition présidentielle, Irmar et de la plateforme de l'opposition, Firaisankina, qui piaffent d'impatience. 163 sièges de députés sont en jeu, si bien que l'attente du verdict des urnes met les nerfs à rude épreuve au sein de la classe politique malgache.

En bloc derrière le Président Andry Rajoelina, le camp présidentiel qui détenait la majorité absolue dans l'assemblée sortante, s'attend à faire autant et à donner, de fait, les coudées franches à leur champion pour conduire l'île vers des lendemains meilleurs. Ce n'est pas le voeu de la plateforme de l'opposition qui a évité la politique de la chaise vide, dans l'espoir de remporter les législatives et de contraindre le chef de l'Etat à partager le pouvoir.

Dans un tel environnement, où chaque camp croit dur comme fer à ses capacités, on se demande si les résultats du scrutin seront acceptés, sans couacs. En la matière, l'on ne peut jurer de rien. Les deux camps s'accusent mutuellement de fraudes.

Une candidate indépendante, Marie Jeanne d'Arc Masy Goulamaly, a d'ailleurs dénoncé, dans un courrier officiel adressé aux autorités, les irrégularités qui ont émaillé l'élection. Aussi, a-t-elle pointé du doigt, entre autres, l'érection de barrages pour empêcher les électeurs d'accéder à des bureaux de vote, le bourrage et la disparition d'urnes. Mais mal lui en a pris. Car cette dame a été arrêtée par l'armée, après que sa plainte ait donné lieu à des protestations.

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Mais, hormis cet incident et les accusations mutuelles de fraudes, les législatives, dont les résultats sont incessamment attendus, ne se sont pas véritablement déroulés dans les règles de l'art.

Qui, mieux que l'observatoire Safidy, la plus grande mission d'observation électorale du pays, pour en parler ? L'organisation a d'ores et déjà fait part d'un scrutin entaché « d'inquiétantes irrégularités », parmi lesquelles, la possibilité accordée à des électeurs de voter plusieurs fois ou d'accomplir leur devoir civique sans pièce d'identité.

Plus grave encore, Safidy met carrément en doute la neutralité et l'indépendance de la CENI. Ce n'est malheureusement pas la première fois que l'impartialité de l'organe électoral fait débat. A la présidentielle de 2023 qui avait vu la réélection d'Andry Rajoelina, il avait été la cible de beaucoup de critiques de l'opposition. Même s'il est installé dans son fauteuil, les adversaires politiques au chef de l'Etat continuent de remettre en cause sa réélection.

La CENI n'étant pas« clean » dans l'esprit de certains Malgaches, il va de soi que les résultats des législatives ne feront pas l'unanimité. Il faut craindre alors que la rue s'embrase sur l'île, où les clivages sautent aux yeux. C'est dire que les Malgaches vont sortir encore plus divisés de ces législatives, ce qui n'est pas souhaitable. Abonnée aux remous sociopolitiques, l'île doit impérativement redorer son blason et le Président Rajoelina est interpellé à plus d'un titre.

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