Le 9 juin, deux incendies ont occasionné de nombreux dégâts à Nyamugo et Nkafu. Une cinquantaine de maisons ont été détruites. Une femme et ses trois enfants sont morts asphyxiés.
Hippocrate Marume, du cadre de concertation de la société civile du Sud-Kivu, en RDC, explique que le premier incendie s'est déclenché aux alentours de 18h30, dans le quartier Nyamugo, sur l'avenue Luhama, et le second à 23h, dans le quartier Nkafu. Tous les deux sont survenus dans la commune de Kadutu.
Parmi les causes évoquées, il y a les constructions anarchiques ainsi que le non-respect des normes de raccordement électrique dans la ville.
"Il y a toujours le problème d'installation du courant électrique de la part de la Société nationale d'électricité, il y a les raccordements frauduleux, mais aussi le manque de professionnalisme, explique Hippocrate Marume. Certaines personnes préfèrent aller au marché pour acheter des panneaux solaires et les installer, sans pour autant tenir compte de toutes sortes de conditions et même de l'expertise des personnes qui s'y connaissent bien dans le domaine électrique. "
Bukavu, ville débordée
Jean-Pierre Mizinzi Mizinzi Murhandikire, bourgmestre de la commune de Kadutu, oùces incendies ont eu lieu, estime que la multiplication des incendies est la conséquence de l'exode des populations déplacées qui fuient l'avancée des groupes armés.
"La ville de Bukavu n'est plus ce qu'elle était parce qu'avec toutes ces guerres imposées par notre pays voisin, il y a des populations qui se sont déplacées de l'intérieur du pays pour venir s'entasser dans la ville, à la recherche de la sécurité. La promiscuité et la pauvreté ne leur permettent pas de choisir des matériaux durables qui peuvent sécuriser leurs habitations. Si la paix pouvait revenir dans notre région, je suis sûr que ces incendies diminueraient ou disparaîtraient même de la ville de Bukavu", estime le bourgmestre au micro de la DW.
Constructions anarchiques
L'architecte Jean-Pierre Basedeke rappelle que la population a doublé, voire triplé, alors que la taille de la ville est restée la même qu'à l'époque coloniale.
Bukavu a été conçue pour une population qui ne dépasse pas 60.000 habitants. Or, actuellement, l'agglomération compte un peu plus d'un million d'habitants.
"Pour mettre fin à cela, explique l'architecte, l'Etat doit créer des espaces, de nouveaux lotissements. Il faut aussi que les gens commencent à respecter les tailles parcellaires de telle sorte que s'il y a un incendie, le feu ne va pas se propager. "
Recherche de solutions durables
En 2021, Zozo Sakali, point focal du mouvement citoyen La sentinelle du peuple, a créé des brigades de lutte contre les incendies et les éboulements de terrain dans la ville de Bukavu.
Leur rôle consiste en l'identification des sites dangereux, impropres à la construction, et l'organisation de campagnes de sensibilisation sur la manière de protéger la ville de Bukavu.
Zozo Sakali insiste aussi sur le fait que les camions de lutte contre les incendies sont quasiment inexistants :
"Les camions anti incendie ont été promis par différentes autorités durant la campagne électorale, mais jusqu'à aujourd'hui, leur disponibilité pour des opérations tarde à être effective. Il est grand temps que nous puissions réfléchir sur comment mettre fin à ce phénomène. "
Un habitant de Bukavu, qui a requis l'anonymat, affirme pour sa part que les constructions anarchiques sont la conséquence de la vente illégale de terrains qui ne respectent pas les normes urbanistiques et constituent un marché lucratif.