Après la victoire de l'extrême droite aux élections européennes du 9 juin dernier, le président français, Emmanuel Macron, a dissous l'Assemblée nationale pour convoquer de nouvelles législatives qui se tiendront les 30 juin et 7 juillet prochains pour respectivement le premier et le second tour.
Une décision du chef de l'Etat français, d'autant plus audacieuse qu'elle est lourde de conséquences avec un risque de cohabitation si l'issue du scrutin ne lui est pas favorable. C'est dire tout l'enjeu de ces législatives anticipées qui visent, pour le chef de l'Etat, à dégager une majorité claire au parlement afin de mieux ajuster sa gouvernance.
Des législatives qui se veulent aussi un moment de vérité pour les Français face à la montée de l'extrême droite qui ne cesse de gagner du terrain et qui n'est pas loin de voir son rêve d'arriver au pouvoir, se concrétiser chaque jour un peu plus. Comment peut-il en être autrement quand on voit, par exemple, comment le parti lepéniste a écrasé la concurrence de la Majorité présidentielle en France lors du vote de dimanche dernier, en récoltant près de 40% des suffrages exprimés ?
La montée de l'extrême droite en Europe, pourrait être un mal pour un bien pour l'Afrique
Un score qui sonne comme un avertissement pour l'ensemble de la Gauche française qui se sent d'autant plus interpellée qu'elle a sonné le cor du rassemblement qui se veut un impératif dans les semaines à venir, à l'effet de faire barrage aux ambitions des nationalistes d'extrême droite dont la prédominance des idées a de quoi inquiéter l'Europe.
Et le président Macron ne s'inscrit pas dans une autre dynamique quand il estime que l'issue des élections européennes du 9 juin dernier, « n'est pas un bon résultat pour les partis qui défendent l'Europe ». Toujours est-il qu'en s'en remettant à l'arbitrage du peuple appelé aux urnes par anticipation, Jupiter n'est pas loin de mettre les Français devant leurs responsabilités et devant l'Histoire.
En attendant de connaître les résultats de ces consultations populaires à venir qui s'annoncent, d'ores et déjà, comme un tournant pour le pouvoir de Macron, la question qui se pose est la suivante : quel impact cette montée de l'extrême droite en Europe, pourrait avoir sur l'Afrique ? Faut-il s'en réjouir ou s'en inquiéter ?
La question est d'autant plus fondée qu'au-delà de la question migratoire, cette montée des nationalismes en Europe intervient dans un contexte d'une Afrique en pleine mutation, où de plus en plus de pays africains invoquent la question de leur souveraineté dans le choix et la diversification de leurs partenaires.
Et si dans le cas d'espèce, on est loin du repli identitaire aux relents de xénophobie qui caractérise la plupart des mouvements d'extrême droite, il n'empêche que cette façon, pour ces pays africains, de se recentrer sur eux-mêmes, dénote d'une volonté de rupture avec un ordre ancien. De ce point de vue, la montée de l'extrême droite en Europe, pourrait être un mal pour un bien pour l'Afrique.
C'est une situation qui pourrait faire grandir davantage le sentiment anti-français sur le continent noir
En ce qu'elle sonnerait comme une interpellation au continent noir, à s'assumer pleinement. Et c'est peu dire qu'une telle situation mettrait les dirigeants africains face à leurs responsabilités en les obligeant à trouver des solutions innovantes à la crise migratoire pour fixer les Africains sur un continent qui a besoin de la force des bras et de l'intelligence de ses fils pour amorcer son vrai développement.
Autant dire que c'est une situation qui pourrait sonner le réveil de l'Afrique. Mais qui pourrait tout aussi faire grandir davantage le sentiment anti-français sur un continent dont les dirigeants ne sont pas toujours enclins à assumer leur part de responsabilités dans les malheurs qui le frappent. En tout état de cause, avec les mouvements de l'extrême droite en Europe, l'Afrique sait à quoi s'en tenir et devrait savoir sur quel pied danser à l'effet de développer une coopération qui ne demande qu'à s'établir sur des bases sincères et mutuellement profitables.
En attendant, si cette percée de l'extrême droite ne manque pas de susciter des appréhensions, elle traduit autant l'impopularité du pouvoir en place que l'échec du président Macron à réduire les extrêmes dans une France aujourd'hui à la croisée des chemins. C'est pourquoi la convocation de ces législatives anticipées constitue un pari risqué pour le chef de l'Etat français.
Et on attend de voir si la stratégie de dissolution de l'Assemblée nationale, qui n'est pas une première en France, sera fructueuse pour le locataire du palais de l'Elysée. Car, si elle avait, par exemple, permis à François Mitterrand de retrouver une majorité en 1988, elle n'avait pas, en revanches, souri à Jacques Chirac qui avait perdu la sienne en 1997 si bien qu'il fut contraint à la cohabitation avec Lionel Jospin comme Premier ministre. Qu'en sera-t-il pour Emmanuel Macron ? Réponse dans trois semaines pour un scrutin qui soulève déjà de nombreuses interrogations.