Au Sénégal, les réactions sont vives après le discours du Premier ministre Ousmane Sonko devant le mouvement des jeunes de son parti, dimanche 9 juin. Le chef du Pastef a fait le tour des dossiers prioritaires du pouvoir sans d'annonces concrètes, mais une nouvelle fois, le Premier ministre a promis que ceux qui ont dépensé les deniers publics seraient poursuivis, accusant entre autres les entreprises de presse.
Acteurs de l'opposition, mais aussi magistrats et directeurs des entreprises de presse... Tour à tour, le Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko a visé ces acteurs. « Ceux qui ont pillé les deniers publics vont payer », a-t-il dit à plusieurs reprises, allant jusqu'à accuser les entreprises de presse qui ont une dette fiscale vis-à-vis de l'État de détournement de fonds. Inadmissible pour le président du Conseil des éditeurs de presse du Sénégal, Mamadou Ibra Kane :
« Je refuse à toute personne de m'insulter comme un bandit fiscal. Je suis un chef d'entreprise. Les personnes qui nous diffament ne sont pas plus patriotes que nous. Nous sommes un secteur qui est spécifique, il nous faut une fiscalité qui est spécifique. Nos gouvernants ont une vision extrêmement étroite, c'est-à-dire qu'ils ne considèrent la presse comme un secteur névralgique. »
Depuis la pandémie du Covid-19, la presse au Sénégal alerte sur la crise financière qu'elle traverse et appelle à revoir son modèle de financement, notamment par rapport à la publicité. Résultat, Alassane Samba Diop, le directeur du journal en ligne e-Media dénonce un contrefeu face à des promesses dures à tenir : « Les promesses électorales qu'ils ont faites sur le coût de la vie font qu'aujourd'hui qu'ils sont dans une impasse. Maintenant, il leur faut attaquer la presse pour faire des contrefeux, pour essayer de détourner l'attention de l'essentiel. »
L'essentiel étant des mesures très attendues sur la baisse des prix ou encore l'annonce « de solutions pour fortifier la presse plutôt que des menaces » comme l'analyse l'une des grandes voix de la société civile Birahim Seck qui continue « vous n'êtes plus dans l'opposition, mais dans la position d'apporter des réponses rassurantes et démocratiques. »
Même analyse du côté de l'opposition qui dans son ensemble a appelé le Premier ministre à passer aux actes. Anta Babacar Ngom regrette qu'Ousmane Sonko se comporte comme s'il était encore dans les rangs de l'opposition. Pour elle, « l'heure n'est plus aux promesses, mais aux actes concrets ».