Ile Maurice: Le leader de l'opposition parle de «mesures sociales financées par l'argent du peuple»

Pour sa première prise de parole à l'Assemblée nationale en tant que nouveau leader de l'opposition, Arvin Boolell n'a pas ménagé ses critiques à l'encontre du ministre des Finances, Renganaden Padayachy.

Pendant 75 minutes, il a donné la réplique à ce dernier pour avoir utilisé l'argent des contribuables afin de financer les mesures populistes, voire électoralistes, de son cinquième et dernier Budget de la présente mandature. «L'État n'a aucune source d'argent. C'est l'argent du peuple», a-t-il martelé.

Citant Margaret Thatcher, ancienne Première ministre britannique, Arvin Boolell a rappellé cette vérité fondamentale défendue par la Dame de Fer : «The State has no source of money other than the money the people earn themselves» et «there is no such thing as public money; there is only taxpayers' money.» Partant de ce postulat, il soutient que ce gouvernement ne fait que honteusement s'approprier l'argent des contribuables, comme il en fait la démonstration dans le Budget 2024-25, pour distribuer des cadeaux.

S'il ne s'oppose pas aux mesures sociales destinées à soulager la misère d'une importante frange de la population, le leader de l'opposition estime que le ministre Padayachy aurait dû le faire d'une manière soutenable, car il n'y a aucune réflexion stratégique, alors même que le Fonds monétaire international (FMI) a tiré la sonnette d'alarme dans son dernier rapport, recommandant au gouvernement de constituer ses réserves fiscales. «C'est seulement le prochain gouvernement qui redonnera le pouvoir d'achat à la population, alors que le régime actuel n'a fait que créer une illusion monétaire.»

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Par ailleurs, le leader de l'opposition déplore l'absence de mesures pour stopper la dégringolade de la roupie, qui a chuté de 27 % depuis 2020, conséquence directe de l'injection de Rs 158 milliards dans le circuit économique par la Banque de Maurice sous forme d'Helicopter Money en 2020, à l'origine de cette spirale inflationniste. Résultat des courses : une chute du pouvoir d'achat de la population de 34 % de 2019 à mars 2024, avec les pauvres devenant plus pauvres et la classe moyenne prise entre le marteau et l'enclume.

Arvin Boolell est également revenu sur le chiffre du Produit intérieur brut (PIB), qui, selon lui, serait manipulé. Il cite le paragraphe 12 du discours du budget pour rappeler «a strong GDP growth of 8.9% in 2022». Or, il souligne que le PIB par tête d'habitant a été de USD 11, 409 en 2019 et USD 11,417 en 2023, selon le rapport du FMI. Ce qui montre une baisse de 1 % du PIB par tête d'habitant sur une période de quatre ans. «C'est plus un mirage qu'un miracle», s'est exclamé le leader de l'opposition.

Poursuivant son intervention, le leader de l'opposition a relevé de graves anomalies dans le Budget, comme l'absence de réajustement salarial pour les employés du secteur privé et du secteur public, bien que cette proposition date de longtemps. Aujourd'hui, avec la décision de porter le revenu minimum garanti à Rs 20 000, c'est l'échelle salariale qui se verra bousculée.

À cet effet, il fait ressortir que 427 000 travailleurs attendent que leurs salaires soient réajustés. Ce qui est normal, vu que le revenu minimum garanti a augmenté de Rs 7 925 depuis 2022. Du coup, Arvin Boolell se demande pourquoi un policier serait intéressé à entrer dans le service avec un salaire de Rs 18 250 et se retrouver lié pendant une période de cinq ans. De la même manière, il trouve révoltant que de jeunes diplômés touchent aujourd'hui Rs 27 000 et qu'il n'existe aucune mention pour revoir leurs salaires.

Le leader de l'opposition a également porté ses critiques sur plusieurs sujets ayant défrayé l'actualité ces derniers temps. Il constate que l'émergence d'une économie parallèle est venue éclipser le Budget. Il cite les Rs 14 milliards de drogue saisies comme le sommet de l'iceberg et avertit que «if not addressed frontally, it will lead to descent into social chaos». Il s'est aussi attardé sur les scandales financiers qui ont éclaboussé la bonne gouvernance des institutions et certaines banques du pays, dont la Silver Bank, le Bonanza à la Mauritius Investment Corporation, et la mafia qui a gangrené l'organisation des courses à Maurice, entre autres.

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