Congo-Kinshasa: Moïse Moni Della rend hommage au journaliste Bruno Kasonga

C'est avec consternation que je viens d'apprendre la mort à Bruxelles de Bruno Kasonga, un brillant journaliste que j'ai croisé pour la première fois dans les geôles de l'AND (Agence nationale de documentation, aujourd'hui ANR), en 1988, un véritable couloir de la mort à l'époque de Mobutu. Il était arrêté pour avoir publié un article qui, selon le régime de l'époque, écornait l'image du maréchal dans le journal Elima où il prestait. Il nous avait rejoints à l'AND où plusieurs fondateurs, co-fondateurs, pionniers et cadres de l'UDPS étaient arrêtés.

C'était notamment le cas de l'Honorable Kanana, fondateur et l'un des treize parlementaires, le fondateur Belanganayi, les co-fondateurs Gilbert Kakonde, Mathieu Mulaja, Mukandila, Moïse Moni Della, Joseph Kadima, Tshimpaka, Kabembo, Tshilumba, Roger Kakonge, Théo Kabeya, Serge Baluisha, Tshilumba. Maman Pakassa du Palu (Parti lumumbiste unifié) d'Antoine Gizenga est venue nous rejoindre avec ses deux filles et sa mère dans ce lieu considéré à l'époque comme celui de transit avant la mort. Il était incarcéré dans la cellule 4 avec Gilbert Kankonde, ancien vice-premier ministre de l'Intérieur du tout premier gouvernement de Fashi, actuellement député national. Tandis que moi, j'étais dans la cellule 5 avec Serge Balusha aujourd'hui haut-cadre à la Direction générale des impôts (DGI).

En prison, Bruno s'isolait souvent pour lire le nouveau testament que les prêtres catholiques nous ont amené. C'était le seul livre autorisé pour la lecture.

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Finalement, Bruno était libéré avant nous, membres de l'UDPS. Après ma libération, précédée de ma relégation dans mon territoire de Kibombo, en fuite en Europe après l'exile au Congo Brazzaville, je l'ai croisé plusieurs fois à Bruxelles. La dernière fois, c'était lors de la présentation de son livre sur le Kasaï de Kalonji Mulopwe. C'était pour lui une façon de concrétiser la prophétie de Lumumba qui disait : « L'Afrique doit écrire sa propre histoire ».

Bruno était pour moi, non seulement un compagnon de bagne et de lutte mais plutôt un grand frère, avec qui je partageais en commun la passion du savoir et du Congo. Au-delà des regrets profonds de sa disparition qui laisse un grand vide dans le milieu de la haute intelligentia congolaise, j'aurai aimé lui présenter aussi mon livre intitulé « Makala, une prison au service d'un pouvoir », dans lequel il y a plusieurs anecdotes de la pénible et inhumaine incarcération avec lui à l'AND. Hélas, il vient de tirer sa révérence. Pour nous croyants, la mort n'est pas du tout une fin. C'est un début, un matin. On va se revoir auprès du Seigneur.

Que son âme beigne dans la tranquillité !

Moïse Moni Della

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