TUNIS/Tunisie — La 21ème édition du Forum Tunisien d'Investissement « Tunisia Investment forum » (TIF) ne manquera pas de créer une nouvelle dynamique de collaboration entre les deux rives de la méditerranée, souligne l'ambassadeur de l'Union Européenne (UE) en Tunisie, Marcus Cornaro.
Dans une interview à l'Agence TAP, le diplomate rappelle que plus de 3400 entreprises européennes installées en Tunisie ont crée 407 mille emplois directs. Cornaro donne, également, un aperçu général sur le forum, les accords qui seront signés et la vision pour une stratégie triangulaire UE/Tunisie/ Afrique, outre les instruments européens pour développer le potentiel d'innovation et d'entrepreneuriat des startups tunisiennes.
TAP: L'UE s'associe à la FIPA pour l'organisation du TIF 2024. Pouvez-vous nous donner un aperçu général sur la participation, notamment, européenne, ainsi que les principaux objectifs assignés à cet événement ?
Marcus Cornaro: La 21ème édition du TIF qui se tiendra du 12 au 13 juin 2024 sous le thème « Tunisie, là ou durabilité rime avec opportunité», accueillera près de 700 participants, dont plus de 550 ont déjà confirmé leur présence. La participation européenne sera marquée par la présence de grandes compagnies opérant, notamment, dans les domaines énergétique, de l'Engineering, des industries pharmaceutiques, l'agriculture, l'agroalimentaire et les services financiers.
Le programme de cette nouvelle édition, élaborée en partenariat avec la FIPA, prévoit trois sessions importantes, à part la séance d'ouverture officielle. La 1ère « Accélérer les investissements étrangers en Tunisie: réformes et opportunités», constituera pour le gouvernement Tunisien une plate-forme qui lui permettra de présenter les grands axes de sa vision en matière de croissance économique et le rôle de l'investissement pour atteindre cet objectif.
Il s'agit, également, d'une opportunité pour mettre l'accent sur les ouvertures en cours vers plus de compétitivité et sur les efforts déployés en vue de rattraper les retards dans les domaines énergétique et digital.
La deuxième session intitulée « la durabilité, une clé de la compétitivité en Tunisie», sera axée sur quatre grands secteurs ; à savoir les composants automobiles produits en Tunisie, l'énergie verte, les énergies renouvelables et le secteur pharmaceutique. Des rencontres B to B seront au menu de la troisième session.
S'agissant du secteur pharmaceutique, je profite de cette occasion pour rappeler la position charnière de la Tunisie, en termes de capacité de recherche et de production.
L'objectif principal assigné à ce forum est de créer une synergie entre le secteur privé et les opérateurs publics, laquelle (synergie) permettra de mettre en avant le savoir-faire des investisseurs tunisiens et européens.
Pouvez-vous nous donner plus de précisions sur les accords qui seront signés au cours de cette manifestation?
Marcus Cornaro: Les accords qui seront signés durant le TIF 2024 seront axés sur trois grands volets. Le premier concernera le secteur énergétique, notamment, le projet d'appui à l'interconnectivité électrique ELMED, doté d'un soutien financier de 449 millions d'euros.
Le deuxième accord porte sur la relance économique entre l'UE et la Tunisie en matière d'appui au financement des petites et moyennes entreprises, avec une enveloppe de plus de 200 millions d'euros. Cet accord comporte une composante don et une autre partie mixant prêt et don avec d'autres acteurs européens.
Le troisième volet concerne un important accord réalisé avec la Banque européenne d'investissement (BEI) et qui vise à financer des initiatives de désenclavement des zones défavorisées dans le domaine des infrastructures (autoroute Sfax-Kasserine).
Nous sommes également en phase finale pour boucler un mémorandum d'entente sur l'aspect énergétique qui aidera les deux parties (Tunisienne et Européenne) à clarifier et à mieux définir le cadre dans lequel les investissements futurs pourront se faire dans ce domaine.
D'après-vous quelles sont les opportunités de partenariat triangulaire entre la Tunisie, l'Europe et l'Afrique?
La mise en place d'une stratégie bilatérale (entre la Tunisie et l'UE) portant sur le secteur pharmaceutique sera le meilleur exemple qui permettra à la Tunisie de devenir un portail vers l'Afrique. Personnellement, je pense que la Tunisie est également bien placée pour renforcer ses échanges au niveau régional à travers la Méditerranée, notamment, avec les avancées réalisées au niveau de la ratification récente de la convention paneuro-méditerranéenne (PEM) sur les règles d'origine préférentielles qui ont été récemment bouclées.
En effet, grâce à l'adoption de ces nouvelles règles par produits, et des procédures modernisées et digitalisées, dont l'application entrera en vigueur dans toute la zone dès 2025, l'attractivité du site Tunisie sera renforcée notamment dans les secteurs du textile et de l'automobile.
TIF 2024 présentera-t-il de nouveaux instruments européens pour le développement du potentiel d'innovation et d'entrepreneuriat des startups tunisiennes ?
Cette nouvelle édition constituera pour la Tunisie une occasion de dévoiler les intentions de construire sur la base d'un bon cadre qui existe déjà. Je voudrais dans ce contexte rappeler que la Tunisie est déjà en avance au niveau maghrébin, grâce notamment à son cadre juridique régissant les startups en Tunisie start-up Act 2018.
Dans quelle mesure les promesses faites par l'UE dans les précédentes éditions du TIF ont été tenues et quels sont les obstacles qui ont entravé leur réalisation ?
Je peux dire que la totalité des promesses ont été tenues, notamment, en matière de coopération et de dons. S'agissant des investissements privés, les décisions et la phase de concrétisation restent du ressort des parties concernées.
Certes, ces dernières années le cadre compliqué, notamment avec la pandémie du COVID -19, a eu un impact sur la dynamique d'investissement, mais une fois ces crises dépassées beaucoup d'opportunités seront à saisir grâce à la mise en place d'un cadre réglementaire plus compétitif. Et là je reviens au but principal de cette nouvelle édition organisée en coopération avec la FIPA et qui consiste à mettre en place une plate-forme conjointe qui passera les bons messages dans quatre secteurs clés et redonnera un certain élan aux investisseurs.