Guinée: Suite des plaidoiries de la défense dans le procès des massacres du 28-Septembre

Le 10 juillet 2023, l'accusé Marcel Guilavogui a fait un nouveau témoignage dans le cadre du procès sur les crimes commis lors du massacre, des viols et autres abus dans un stade de Conakry en Guinée, le 28 septembre 2009. (photo d'illustration)

Un ténor du barreau avait la parole ce mardi 11 juin 2024 au procès du 28-Septembre. Maître Pépé Antoine Lamah a défendu l'ancien président Moussa Dadis Camara, accusé d'avoir ordonné la répression sanglante d'un meeting de l'opposition en 2009 en Guinée. Ces massacres avaient fait plus de 150 morts et plus d'une centaine de femmes avaient été violées. Très offensif, l'avocat a lâché ses coups contre le parquet, les parties civiles et même les victimes.

Le procès des massacres du 28-Septembre 2009 se sont poursuivies en Guinée avec les plaidoiries de la pléiade d'avocats de la défense, notamment ceux qui défendent les intérêts du chef de la junte d'alors, le capitaine Moussa Dadis Camara. À cet exercice, tous les moyens sont bons pour tenter d'innocenter le bouillant capitaine, qui très souvent, bondit de son fauteuil pour réagir aux propos qu'il juge malveillants à son encontre.

Pendant près de huit heures, maître Pépé Antoine Lamah a dégainé les coups contre tous ceux qui ont oeuvré de près ou de loin pour l'incarcération du capitaine Moussa Dadis Camara et laisser en liberté son ministre de la Défense, le général Sékouba Konaté, rapporte notre correspondant à Conakry, Mouctar Bah. « Sékouba Konaté était à l'époque le numéro trois du Conseil national pour la démocratie et le développement et ministre de la Défense. C'est lui qui coordonnait les forces de défense et de sécurité. Pourquoi raser dans un seul camp ? », a déclaré l'avocat.

Maître Pépé Antoine Lamah a également accusé certains d'avoir menti et de s'être enrichis, comme l'association des victimes, proches et amis du 28 septembre. Il s'en est aussi pris aux avocats des parties civiles et au parquet, contre lequel il a multiplié les provocations, ajoute Matthias Raynal, notre correspondant à Conakry. « Le ministère public est désormais à terre. Monsieur les représentants du ministère public, il n'est jamais trop tard pour bien faire. Vous avez le temps de vous rattraper. J'espère que le ministère public finira par reconnaître ses erreurs et requerra l'acquittement du capitaine Moussa Dadis Camara », a plaidé maître Pépé Antoine Lamah.

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Maître Antoine Pépé Lamah s'en est également pris au procureur de la CPI

Quelques minutes plus tard, il a interpellé les magistrats et les a mis en garde contre un procès politique. « Vous allez, au nom du peuple de Guinée, laver définitivement l'honneur et la considération du capitaine Moussa Dadis Camara. Monsieur les Assesseurs, vous n'êtes pas le tribunal des forces vives d'alors (...), vous n'êtes pas la figure de vengeance de frustrés d'un régime contre un homme ? »

Le procureur de la Cour pénale internationale n'a également pas été épargné lors de ce réquisitoire. « Le procureur de la CPI a tendance à se comporter comme si c'était lui qui dictait sa loi à la justice guinéenne. C'est lui qui cite les personnes à inculper et qui décide des infractions à poursuivre », a ajouté l'avocat.

Après cette attaque contre le procureur de la CPI, le porte-parole de l'organisation guinéenne de défense des droits de l'homme a marqué son étonnement. « Nous avons l'impression que maître Pépé Antoine Lamah est dans une logique même de nier le rôle que la CPI joue en termes de complémentarité dans ce dossier. Nous pensons quand même que le tribunal prendra toute la mesure du possible pour analyser toute sa plaidoirie et sa réquisition, prendre la bonne décision et dire le droit dans cette affaire », a dit Alseny Sall.

Maître Pépé Antoine Lamah est resté toute la journée à la barre, c'est dire le poids de cet avocat au sein de la défense de Dadis. Ce mercredi, la parole sera au dernier avocat du capitaine Dadis Camara, maître Jocamey Haba pour sa plaidoirie.

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