Congo-Brazzaville: 33e journée de la concorde nationale - L'événement célébré sous la marque de la volonté d'un vivre-ensemble patriotique

La trente-troisième journée de la concorde nationale a été célébrée au mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza, le 10 juin, sur le thème « Ensemble, vulgarisons la convention pour la paix et la reconstruction du Congo, pour contribuer à la marche vers le développement ». Elle a été placée sous les auspices du préfet du département de Brazzaville, Pierre Cébert Iboko Onanga.

Dans son mot de bienvenue, la directrice générale du mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza, Bélinda Ayessa, a rappelé que comme le spécifie la convention pour la paix et la reconstruction du Congo, les principes et les valeurs que cette journée incite à vulgariser doivent constituer, pour les Congolais, des sources d'inspiration et d'action pour consolider la concorde et le vivre-ensemble. « Nous sommes aujourd'hui les gardiens de ces valeurs, nous portons ce trésor que d'autres nous ont transmis et que nous transmettrons aux générations futures », a-t-elle indiqué.

C'est cet engagement fort que le président de la République, Denis Sassou N'Guesso, avait pris devant le peuple congolais, a-t-elle poursuivi. Il constitue l'indication la plus affirmée qui donne à la Journée nationale de la concorde sa destinée infinie et lui confère une signification inépuisable. Grâce à la concorde et le vivre-ensemble, les Congolais sont déterminés à se tenir debout face à l'Histoire.

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C'est ainsi qu'elle a invité les Congolais de se souvenir des paroles fortes que le président de la République avait prononcées le 14 avril 2001 : « Le Congo émerge du chaos et a tant soif de paix que de solidarité. Il a besoin du soutien et des encouragements de la communauté internationale (...) j'en appelle à un peu plus de solidarité, de générosité, d'humanité ».

Sur ce chemin, a dit la directrice générale du mémorial Pierre Savorgnan de Brazza, « ce qui a été réalisé nous permet de mesurer ce qui reste à accomplir. Voilà pourquoi, dans la symbolique que nous célébrons aujourd'hui, je vous prie, monsieur le préfet du département de Brazzaville, monsieur le président du Conseil départemental et municipal, député-maire de la ville de Brazzaville, et vous tous, autorités préfectorales et urbaines, responsables et administrateurs civils, de prendre acte de l'événement de ce jour comme un nouvel appel à fixer le regard sur la devise de notre nation : Unité, Travail, Progrès, pour que vive la République du Congo, une et indivisible ».

Le lavement des mains du 10 juin 1991, un acte fondateur du vivre-ensemble

10 juin 1991, 10 juin 2024, soit trente-trois années qui séparent les Congolais de ce geste simple, mais historique... En effet, malgré des débats heurtés pendant des plénières qui avaient duré du 25 février au 10 juin 1991, soit plus de trois mois environ, du fait de l'amant de l'histoire congolaise faite de violence sanglante, Mgr Ernest Nkombo avait ardemment oeuvré pour une issue consensuelle de la conférence nationale souveraine. Et à la clôture de cette grand-messe, le chef de l'État, Denis Sassou N'Guesso, et l'ensemble des conférenciers se prêtèrent au cérémonial de lavement des mains. C'était une trouvaille de Mgr Ernest Nkombo.

Au cours des semaines précédentes, le prélat avait appelé toutes les familles congolaises à nettoyer les tombes de leurs proches disparus, puis demandé aux conférenciers de planter chacun un arbre au jardin de l'unité nationale, en face du Palais des congrès. Ces gestes mémorables avaient fait espérer des lendemains enchanteurs. Les Congolais espérèrent vivre une ère de progrès, exemptée de violence politique sanglante.

Mais la foi dans les vertus du lavement des mains et de la démocratie n'avait pas réalisé la tranquillité des esprits et la paix des coeurs. « Les mains lavées n'avaient pas transmis leur propreté à nos coeurs demeurés imbibés de haine et de souillure toxique, ferment des conflits armés qui avaient germé dans nos coeurs avant d'exploser dans nos esprits qui ont entraîné les mains pourtant bien lavées à tenir les armes létales pour endeuiller notre chère patrie, le Congo », a déploré le préfet du département de Brazzaville.

Et pourtant, vraiment pourtant, la symbolique du lavement des mains, précédée par le nettoyage des tombeaux dans tous les cimetières du pays, suivi du planting d'un arbre par chacun des conférenciers en face du Palais des congrès était un moment d'osmose entre tous les Congolais vivants qui entraînent par ce fait, en relation avec les esprits de leurs ancêtres, afin de bénéficier de l'égrégore exorcisant le peuple congolais tout entier. Par cet acte, a-t-il poursuivi, les Congolais se réconciliaient avec eux-mêmes sans médiateur.

La réconciliation est une interpénétration de l'un à l'autre, ou des uns aux autres, même si l'interchangeabilité est une évidence. La réconciliation des Congolais était le fondement du lavement des mains, bien que cet objectif eût été trahi par les faits qui ont suivi cet acte. « L'histoire est tragique » comme l'affirmait Raymond Aron. Tout passe, sauf l'histoire.

Pour le préfet du département de Brazzaville, l'historicité du lavement des mains reste une incise inoubliable de l'histoire sombre et larmoyante du Congo. Aujourd'hui la paix ne bégaye plus, elle est plutôt stable et rassure un avenir de sérénité, grâce aux efforts inlassables d'un homme, le président Denis Sassou N'Guesso, apôtre de la paix qui en a fait son crédo. Cependant, la paix doit être une oeuvre commune fondée sur la tolérance, a-t-il martelé. « ... Puisse le lavement des mains du 10 juin 1991 demeurer un acte fondateur de notre vivre-ensemble dans le cadre de la communauté de destin », a conclu le préfet.

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