DAKAR — La croissance économique du Sénégal s'est montrée résiliente en 2023 dans un contexte de tensions politiques conjuguées à une inflation persistante quoiqu'en baisse, indique la Banque mondiale dans son rapport 2024 sur la situation économique du Sénégal.
Le dynamisme des secteurs primaire et secondaire a soutenu l'activité économique malgré des perturbations dans le secteur des services et une décélération de la croissance des exportations. Le taux de croissance s'établissant ainsi à 4.3%, en hausse par rapport aux 3,8% enregistrés en 2022.
« La volonté des nouvelles autorités à renforcer la transparence et la gestion des finances publiques est une opportunité qui conforte les perspectives économiques positives du Sénégal à moyen terme. Ces perspectives demeurent néanmoins conditionnées sur le court terme par un engagement envers la consolidation budgétaire et le mise en oeuvre de réformes transformatrices, piliers de la stabilité macroéconomique » a déclaré Keiko Miwa, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Cabo Verde, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Mauritanie et le Sénégal.
L'ambition de réduction du déficit fiscal prévues en 2023 s'est concrétisée, entraînant un déficit de 5.1 % du PIB, légèrement supérieur à l'objectif de 4,9 %. La hausse des recettes fiscales a entre autres contribué à ce déficit.
« Les réformes fiscales et l'amélioration de l'impôt sur le revenu des personnes physiques peuvent accroître les recettes internes à travers un élargissement de la base fiscale et un renforcement de l'application du cadre légal, ce sans augmenter la pauvreté ou les inégalités » souligne Wilfried A. Kouame, économiste principal à la Banque mondiale et un des auteurs du rapport.
Par ailleurs, le rapport montre que l'informalité, l'étroitesse de l'assiette fiscale et l'application limitée de la législation entravent la capacité des impôts directs à augmenter les recettes et corriger les inégalités avant l'imposition. L'accélération des réformes de l'administration fiscale et des politiques visant l'impôt sur le revenu des personnes physiques peut contribuer à stimuler les efforts de mobilisation des recettes intérieures. Enfin, le rapport indique que l'incidence de la pauvreté au Sénégal est restée stable avec des différences régionales marquées, et une baisse notable dans certaines zones comme la vallée du fleuve Sénégal.