Toujours sans nouvelles du journaliste malien Yeri Bocoum depuis le week-end dernier. Dans un communiqué publié ce mercredi 12 juin après-midi, la Synergie d'action pour le Mali dénonce « l'enlèvement » du journaliste Yeri Bocoum, qui avait couvert la manifestation organisée par cette coalition d'opposition le vendredi 7 juin.
Selon les informations de RFI, il est détenu par les services maliens de la sécurité d'État. La Synergie d'action dénonce également une « chasse aux sorcières » organisée autour de ses cadres à Bamako.
En exil hors du Mali, Ismaël Sacko, président du parti PSDA et membre de la Synergie d'action, n'a pas pu participer à la manifestation suite à laquelle le journaliste Yeri Bocoum a été enlevé. Mais il ne cache pas ses craintes.
« Yeri Bocoum est porté disparu à la suite du reportage qu'il a fait au sujet de la manifestation organisée par la Synergie d'action, sur la contestation par rapport à une transition qui se prolonge. Il est le seul journaliste malien qui a accepté, à visage découvert, de couvrir cet évènement. Donc depuis il est porté disparu. C'est une atteinte à la liberté d'expression et c'est grave, poursuit l'opposant en exil. Sa famille, ses compagnons et ses amis s'inquiètent de sa disparition. Personne ne sait où il se trouve mais tout porte à croire qu'il serait dans les locaux de la sécurité d'État qui est connue pour ses méthodes d'enlèvement. Nous demandons aux autorités de transition de respecter le droit de la personne, en tant que journaliste, de couvrir les évènements, ce qui permet à la population de savoir ce qu'il se passe. Yeri Bocoum n'a fait que son travail. »
« Une chasse aux sorcières », selon la Synergie d'action pour le Mali
Dès lundi, une source sécuritaire malienne confirmait à RFI la détention de Yeri Bocoum par la sécurité d'État, expliquant que le journaliste avait été « avisé » qu'il ne devait pas couvrir la manifestation, interdite par les autorités. La manifestation de vendredi dernier n'avait rassemblé que quelques dizaines de personnes. Elle s'était déroulée sans heurts et sans qu'aucun manifestant ne soit arrêté.
Mais depuis, la situation s'est tendue. La Synergie d'action pour le Mali dénonce même « une chasse aux sorcières ». Dans le communiqué publié ce mercredi 12 juin, la plateforme d'opposition dénonce la présence « d'individus mal intentionnés et non identifiés aux alentours des domiciles » de plusieurs de ses cadres. Un dispositif de « surveillance » aurait ainsi été installé, toujours selon la Synergie d'action pour le Mali, qui « demande aux autorités en place de prendre des dispositions urgentes pour mettre fin à ces pratiques ».
Depuis le 10 avril, les activités politiques des partis et associations du Mali sont suspendues. Le cas du journaliste détenu n'a pas été transmis à la justice à ce stade.