Sénégal: Keur Massar / Les «darals» bien approvisionnés en moutons - La clientèle rare, la sécurité et l'hygiène bien en place

Dans moins d'une semaine, la communauté musulmane va célébrer la fête de l'Aïd El-Kébir, communément appelée Tabaski. En perspective de cet événement, les quatre foirails «darals» du département sont bien approvisionnés en mouton, la sécurité et des toilettes mobiles bien en place, mais les clients se font toujours rares.

Au foirail de Keur Massar, avec son dispositif impressionnant des éléments de la Gendarmerie nationale, toutes les dispositions sont prises un bon déroulement de la vente des bêtes. A ce jour, un peu moins de 18000 têtes de bétail sont entrées au daral, soutient un responsable du service départemental de l'Elevage de Keur Massar, joint par téléphone. Il rassure : «il n'y aura pas de pénurie de moutons. Au plan sanitaire, rien à signalé (RAS) ; les animaux sont en bonne santé. Nous assurons la coordination et le suivi des recommandations des autorités, sous l'autorité départementale».

Le nouveau département compte quatre points de vente autorisés. Il s'agit de Malika, Cité Sonatel, Jaxaay (près de la Police), et Keur Massar, dans la forêt classée de Mbao (en face de la gare routière) et en face de la station de pompe à essence située à l'entrée de la localité et Yeumbeul. Le foirail de la commune est bien sécurisé. Les barricades sont érigées tout autour du domaine des Eaux et Forêts. En outre, on peut constater la présence des éléments de la Gendarmerie qui sont disséminés un peu partout sur ce site.

La forte canicule est durement ressentie par les éleveurs, les clients et d'autres individus qui squattent les lieux. Les tentes de fortune érigées n'atténuent guère la chaleur. Les sachets d'eau vident en plastique trainent par terre. Ils témoignent l'ampleur de la chaleur qui règne sur les lieux, obligeant les acteurs à boire beaucoup d'eau. Les autorités, cette fois-ci, n'ont pas lésiné sur les moyens pour mettre en place des sanitaires pour permettre aux gens de se soulager, en cas de besoin.

Le foirail a pris de l'ampleur ces dernières années, à cause de l'importance des animaux qui sont acheminés au niveau de ce daral, mais aussi de la pression démographique que la ville est en train de subir. L'éclairage et la distribution d'eau sont assurés correctement, contrairement aux années précédentes, témoignent les vendeurs que nous avons rencontrés.

Toutefois, les éleveurs sont inquiets et craignent la mévente de leurs bêtes. Après avoir effectué de folles dépenses, allant du transport, en passant par l'achat des aliments bétail et des repas. Le président du daral de Keur Massa, Seydou Harouna Sall, explique : «La situation est morose. L'année dernière, à cette période de la fête de la Tabaski, le nombre de moutons vendus est bien supérieur à celui de cette année. Les gens épiloguent sur la crise dans ce pays. Non, ce n'est pas ça le problème. Il faut payer l'avance Tabaski à temps, soutenir les vrais éleveurs qui sont dans les zones rurales obligés de transhumer de localité en localité pour faire paitre leurs troupeaux de mouton. Il faut qu'on change de politique, si l'on veut atteindre l'autosuffisance alimentaire. Les fora organisés dans la capitale ne produiront pas les effets escomptés».

Et M. Sall d'ajouter : «les prix oscillent entre 85.000 FCFA et 500.000 FCFA. Rares sont ceux qui ont vendu plus 5 moutons. La suppression de taxes ne semble pas impacter le coût du mouton. L'aliment bétail coûte cher. Il faut baisser le prix. Ceux qui crient "les moutons sont chers", est-ce qu'ils savent combien il faut dépenser pour élever un mouton digne de ce nom ? Pour l'immoler à l'occasion de l'Aïd El-Kébir», a-t-il poursuivi.

Le point de vente de Keur Massar bénéficie seulement de 55 tonnes d'aliments subventionnés par l'Etat du Sénégal. Le sac au niveau des points de vente autorisés est cédé à 5000 FCFA. Alors que dans les magasins, il faut débourser 17.000 FCFA pour se procurer un sac d'aliment. Les vendeurs qui sont venus de l'intérieur du pays, Fouta, Djolof entre autres, ont dépensé 400.000 FCFA le transport de leurs bêtes moyennant entre 2000 FCFA et 5000 FCFA par tête.

«On vous fait payer comme si c'est un individu qui voyage», déclare un éleveur du Djolof. Les optimistes spéculent sur un rush de la clientèle, dès le jour J-2 de la Tabaski. Car, selon beaucoup de personnes n'ont pas d'espace chez eux pour garder un mouton jusqu'au jour de la fête.

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