Afrique: Une fracture brûlante - Comment les vagues de chaleur révèlent les inégalités

Alors que des vagues de chaleur viennent de s'abattre sur de nombreux pays du sous-continent asiatique, il semble que l'été soit arrivé très tôt en 2024.

Des villes animées aux zones rurales, des records de chaleur ont été enregistrés dans certaines régions du Bangladesh, du Cambodge, de l'Inde, du Pakistan, des Philippines et de la Thaïlande. Plusieurs villes indiennes ont enregistré les températures les plus élevées de leur histoire, atteignant jusqu'à 50 °C.

La province pakistanaise de Sindh a enregistré une température de 52 °C, tandis qu'Iba, aux Philippines, a enregistré 53 °C. Ces températures ont entraîné la fermeture d'écoles et des alertes sanitaires aux Philippines. Dans de nombreux États indiens, la population a été prévenue par des alertes de rester chez elles. La chaleur, combinée à un taux d'humidité élevé, rend les activités quotidiennes difficiles.

Selon le dernier rapport de l'Organisation météorologique mondiale sur l'état du climat mondial, 2023 a été l'année la plus chaude de l'histoire. Avec la hausse des températures due aux niveaux records de gaz à effet de serre rejetés dans l'atmosphère, le changement climatique entraîne une augmentation de la fréquence et de l'intensité des phénomènes météorologiques extrêmes. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) estime que les pays d'Asie du Sud et du Sud-Est sont parmi les plus vulnérables aux effets du changement climatique. L'Asie étant le continent le plus peuplé, la vie et les moyens de subsistance de millions de personnes sont menacés.

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Le nombre croissant de vagues de chaleur en Asie est éloquent. En Inde, il était rare que les températures dépassent les 45 °C en été, mais cela se produit désormais plus fréquemment. Si le monde ne prend pas de mesures significatives pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et pour lutter contre le changement climatique, des records de température continueront d'être battus. Aujourd'hui, des températures supérieures à 50 °C en été sont un phénomène rare, comme l'était de dépasser 45 °C il y a quelques années. Cela ne doit pas devenir la nouvelle normalité.

L'inégalité face à la chaleur est de nature variée

Les vagues de chaleur révèlent les inégalités existantes tout en créant de nouvelles disparités. Tout le monde n'est pas logé à la même enseigne face aux conséquences de la chaleur, et le clivage est très net en fonction de la situation socio-économique.

  • Inégalité professionnelle. Imaginez que, par cette chaleur extrême, les gens doivent sortir pour gagner leur vie, alors que l'air peut ressembler à une fournaise et présenter de graves risques pour la santé. Telle est la réalité des travailleurs journaliers, des vendeurs de charrettes, des agriculteurs, des ramasseurs de déchets et de millions de personnes vivant dans la région Asie-Pacifique.
  • Inégalité économique. Les personnes qui peuvent s'offrir un meilleur mode de vie, un meilleur logement et de meilleurs soins de santé peuvent faire face à la chaleur sans trop de conséquences, tandis que les personnes qui manquent de ressources ne peuvent pas y échapper. La chaleur affecte leur santé, ce qui se répercute sur leur travail et leur situation économique, limitant ainsi leurs possibilités et menaçant de maintenir ou d'accroître le cycle de l'inégalité.
  • Inégalité en matière de santé. La chaleur extrême peut entraîner de graves risques pour la santé sous la forme de coups de chaleur, de problèmes respiratoires, de stress et même de décès. Les personnes les plus exposées à la chaleur sont souvent celles qui n'ont pas accès à des services de santé de qualité.
  • Inégalité de genre. En raison d'obstacles structurels, les femmes et les jeunes filles sont plus touchées par les chaleurs extrêmes que les hommes en termes de travail, de salaire et de santé. Pendant les vagues de chaleur, les femmes sont plus susceptibles de perdre leur emploi et d'assumer des responsabilités accrues en matière de soins. Cela affecte leur éducation, leurs opportunités économiques et leur bien-être général, tout en exacerbant les inégalités entre les hommes et les femmes.
  • Inégalité géographique. Les villes, où la plupart d'entre nous vivent, sont confrontées à un fardeau accru dû à la hausse des températures. Cela est dû en partie à un phénomène connu sous le nom d'« îlot de chaleur urbain », qui se produit lorsque les villes remplacent la couverture naturelle des terres par des concentrations denses de chaussées, de bâtiments et d'autres surfaces qui absorbent et réémettent la chaleur, provoquant ainsi des vagues de chaleur plus sévères. Cette chaleur est souvent suivie de sécheresses et de fortes pluies, entraînant des inondations qui aggravent la pauvreté et l'insécurité alimentaire. Cela souligne la nécessité de multiplier les espaces verts dans les zones urbaines, qui agissent comme des mécanismes naturels de refroidissement.

Une crise qui ne connaît pas de frontières

Le changement climatique ne connaît pas de frontières et touche tout le monde. Par exemple, le Bhoutan a beau être un pays à bilan carbone négatif, il est très exposé aux effets du changement climatique. À Lunana, village situé au nord-ouest du pays, sur les flancs de l'Himalaya, les débordements des lacs glaciaires menacent les vies et les moyens de subsistance. L'élévation des températures entraîne la fonte rapide des glaciers, et la présence d'une plus grande quantité d'eau en aval. Cela démontre une autre inégalité flagrante : sans avoir contribué aux émissions mondiales, les habitants de cette région reculée du Bhoutan doivent en subir les conséquences.

Chaque fraction de degré d'augmentation des températures moyennes peut avoir un impact significatif sur le climat et les schémas météorologiques, avec souvent un effet dévastateur sur les populations et la planète. Nous sommes déjà témoins des effets du changement climatique : conditions météorologiques extrêmes, pénurie d'eau, pénuries alimentaires et perte de biodiversité terrestre et marine. Ces effets accentuent les inégalités et les déplacements de population, ce qui nuit au développement et à la prospérité mondiale.

Maintenir l'augmentation de la température moyenne mondiale en dessous de 1,5 °C n'est donc pas une option, mais une nécessité absolue. Les gouvernements doivent prendre des mesures pour réduire les émissions et protéger leurs populations, en particulier les plus vulnérables.

Raja Venkatapathy Mani, Analyste de la communication numérique, PNUD

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