L'Inspection générale des finances (IGF) interrompt la poursuite de prestation de la société AFRITECH/IDEMIA, partenaire de l'Office national de l'identification de la population (ONIP) chargée de la production de la carte d'identité nationale. Dans une note d'observation adressée au ministère de l'Intérieur et consultée mercredi 12 juin par Radio Okapi, l'IGF décèle un certain nombre d'irrégularités dans le contrat ONIP - AFRITECH/IDEMIA.
Le montant global pour financer le projet de production de la carte d'identité congolaise s'élève à 697 millions de dollars : 104 millions provenant de l'Etat congolais et 593 millions, comme apport du groupe AFRITECH/IDEMIA.
L'Etat congolais a déjà décaissé 20 millions de dollars. Cette somme est cependant bloquée par l'IGF, pour cause d'irrégularités décelées.
D'après l'IGF, ce groupe ne dispose pas de ces 593 millions. Ainsi, il est convenu dans le contrat que l'Etat congolais doit fournir une garantie pour permettre à la société AFRITECH/IDEMIA de lever des fonds auprès des banques commerciales.
Cette garantie, portant sur la séquestration des avoirs de la Banque centrale du Congo (BCC) par la banque prêteuse, constitue pratique illégale, selon l'Inspection générale des finances.
Le projet a prévu 444 millions USD pour la construction des infrastructures immobilières pour le projet. Il s'agit d'une surfacturation, réfute l'IGF.
Une autre irrégularité porte le partage des revenus de ce contrat de production des cartes d'identité nationale, estimés à 2 milliards en 20 ans. Selon les termes du contrat, AFRITECH doit toucher 60% de cette manne contre 20% seulement pour la partie congolaise. Les 20% restants sont destinés au remboursement de la dette ayant couvert la garantie.
Opération que l'IGF qualifie de nulle et dont la durée ne se justifie point.
Dans cette note d'observation, l'Inspection générale des finances signale qu'après échange avec la firme française IDEMIA, celle-ci ne reconnaît point un quelconque contrat de production de carte avec la RDC.
Cependant, AFRITECH n'est que son client qui compte s'approvisionner auprès d'elle en équipements.
A ce sujet, l'IGF dénonce une usurpation de dénomination. Autrement dit, le groupe AFRITECH/IDEMIA n'existe pas.
Fort de toutes ces irrégularités, l'Inspection générale des finances recommande au ministère de l'Intérieur d'exiger des réponses de la part de AFRITECH/IDEMIA, partenaire de l'ONIP, avant toute reprise de prestation pour produire la carte d'identité nationale.
Le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a reçu, vendredi 30 juin 2023 à Kinshasa, le premier modèle de la nouvelle carte d'identité nationale délivrée par l'Office national pour l'identification de la population. Depuis lors, seuls quelques Congolais, en majorité des officiels, ont pu obtenir ce document.