Ces élections législatives ont démontré que pouvoir et opposition ont eu des difficultés à utiliser leur pouvoir... de séduction.
Le verdict des urnes est tombé. Bien que la Haute Cour Constitutionnelle soit encore en plein conclave pour trancher sur les résultats définitifs des élections législatives du 29 mai dernier, les résultats publiés mardi par la Commission Electorale Nationale Indépendante semblent déjà révéler les tendances globales au niveau de tous les districts.
Malgré les nombreuses requêtes en cours de traitement du côté d'Ambohidahy, certains candidats commencent déjà à célébrer leur victoire avec leurs partisans. Et ce, même si on l'on sait que dans certaines circonscriptions, la décision de la HCC risquerait d'apporter des résultats surprises. Quoiqu'il en soit, ces élections législatives ont servi de baromètre pour mesurer la popularité et la crédibilité des politiciens. Pouvoir et opposition ont pu affronter le jugement du peuple souverain.
Défaite significative
80 sièges à l'Assemblée nationale ont été raflés par la plateforme présidentielle. Un chiffre représentatif de la majorité parlementaire, ou enfin presque car la majorité absolue est de 84 députés.
Pourtant, ce que les observateurs retiennent de ces législatives, c'était la défaite très significative des ministres candidats et des secrétaires nationaux du parti au pouvoir. A l'exception de Marie Michelle Sahondrarimalala qui a enregistré une victoire expéditive à Fianarantsoa, les candidats de l'IRMAR ont tous été battus au niveau des chefs-lieux des ex-Provinces et des grandes villes.
Par un score énormément décevant pour certains. Nul n'ignore pourtant que si le TGV a pris la décision d'aligner ses soldats, censés être les plus connus, ce n'était pas pour occuper la deuxième place. L'objectif était certainement de réaliser un doublé. La question est donc de savoir si Andry Rajoelina avait commis une erreur de casting ou bien il a tout simplement été bluffé et/ou mal-conseillé par ses proches collaborateurs dont les secrétaires nationaux et ses conseillers politiques. Les résultats provisoires des scrutins ont d'ailleurs montré que les SN étaient battus à plate couture dans leur fief respectif.
Ceci prouve que ces derniers ne bénéficient plus de la confiance des bases. En tout cas, force est de reconnaître que ces scrutins ont révélé un baromètre politique négatif reflétant un taux de popularité très médiocre pour certains hommes et femmes de confiance du président.
16 ans dans l'opposition
Bon nombre d'observateurs estiment que le Chef de l'Etat devrait tirer des leçons après ces législatives. Une prise de décision radicale est de mise quitte à entamer des réformes dans la gestion politique du régime. D'autant plus qu'une nouvelle échéance électorale attend encore le parti au pouvoir d'ici quelques temps, en l'occurrence les élections communales qui risquent aussi d'être houleuses notamment à Tana.
Pour ce qui est de l'opposition, cette défaite ne constitue point une surprise. Mis à part le manque de stratégie réelle pour chercher la victoire, l'opposition a affronté les urnes dans la scission et en ordre dispersé. Cela fait désormais 16 ans que Marc Ravalomanana et ses partisans sont dans l'opposition.
En insistant sur la même stratégie qui consiste à provoquer un soulèvement populaire tout en évoquant sans cesse comme argument de base l'existence de fraudes électorales, parfois en n'apportant aucune preuve tangible et en favorisant les attaques personnelles, cette situation ne risque pas de changer dans l'immédiat. Le rapport de force sera toujours défavorable à l'opposition. Gagner une élection nécessite des bases politiques solides et renforcées.
Le baromètre politique de ces derniers scrutins révèle une opposition faible et en panne de stratégie. Mais face à l'inefficacité des proches collaborateurs du président Andry Rajoelina, l'opposition commence petit à petit à gagner non pas des « seza » mais du... terrain.