Ile Maurice: Une catastrophe annoncée...

Le Budget 2024-25 échoue sur plusieurs fronts critiques : réduction de la pression fiscale sur le déficit extérieur, diminution de la dette publique élevée, et création d'un espace fiscal pour faire face aux futurs chocs économiques. Le gouvernement, en s'engageant dans des dépenses sociales excessives, abandonne toute responsabilité fiscale.

Excès fiscal

Le déficit budgétaire, y compris les fonds spéciaux, s'élève à 6,6 % du Produit intérieur brut (PIB) en 23-24 et est estimé à 4,9 % en 24-25. Les déficits officiels sont de 3,9 % et 3,4 % du PIB respectivement, tandis que les déficits des fonds spéciaux sont de 2,7 % et 1,5 %. Ces fonds spéciaux représentent désormais environ un quart des dépenses budgétaires totales. Par rapport aux années pré-Covid, le déficit a augmenté de 2 points de pourcentage du PIB, les dépenses totales atteignant 31 % du PIB contre des recettes de 26 %.

Ces déficits budgétaires excessifs menacent la stabilité économique et financière, contribuant à la dépréciation de la roupie et à l'inflation. La roupie a chuté de plus de 30 % depuis 2019, et l'inflation était à deux chiffres en 2023, une réalité reconnue par le budget prévoyant un déflateur du PIB de 6 % en 24-25.

Le fossé croissant entre recettes et dépenses aggravera l'inflation. Le gouvernement compte sur l'inflation pour générer des recettes fiscales, via la TVA, pour financer des aides sociales. Cette approche pourrait mener à une spirale inflationniste, similaire aux situations observées au Zimbabwe, en Turquie, en Argentine et au Venezuela.

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Faiblesse externe

Maurice fait face à des difficultés économiques avec la perte de USD 1 milliard de réserves extérieures chaque année depuis deux ans et une pénurie chronique de devises. La Banque centrale emprunte USD 1,5 milliard à l'étranger pour maintenir une adéquation des réserves.

Le gouvernement met en avant une amélioration du déficit courant à 4,5 % du PIB en 2023. Toutefois, le déficit courant, hors flux nets des sociétés offshore mondial, était de 13 % du PIB en 2023. Les exportations ont stagné malgré la dévaluation et une économie mondiale défavorable n'aidera pas à les augmenter.

Les recettes du tourisme, bien que meilleures qu'avant la Covid, restent insuffisantes face au déficit courant de USD 1,8 milliard en 2023. Les importations, évaluées à USD 5,9 milliards en 2023, exacerbent le déséquilibre du compte courant.

Fardeau de la dette

Les déficits récurrents impliquent davantage d'emprunts, augmentant la dette publique. Le gouvernement estime une hausse de la dette publique de Rs 28 milliards en 23-24 et de Rs 43 milliards en 24-25. Cette dette accrue sera un fardeau pour les générations futures, risquant une crise économique si les dépenses ne sont pas équilibrées par des recettes plus élevées.

Le ratio dette publique/PIB est annoncé à la baisse, passant de 81 % en juin 23 à 71 % en juin 25. Cependant, cette diminution est trompeuse, ne tenant pas compte des Rs 98 milliards de financement de la BoM/Mauritius Investment Corporation (MIC). Les recettes gouvernementales sont surestimées, et les déficits réels plus élevés que déclarés.

Le gouvernement projette une croissance du PIB de 6,5 % en 2024, alors que Statistics Mauritius et le Fonds monétaire international (FMI) prévoient 4,9 %. Le ratio de la dette publique, incluant le financement de la BoM/MIC, pourrait atteindre 95 % du PIB.

Conclusion

Le contexte mondial n'est pas favorable à une croissance robuste, en raison de la géopolitique, du vieillissement de la population et des facteurs environnementaux. Les institutions financières internationales exhortent à des ajustements fiscaux. Maurice, poursuivant un programme populiste radical, devient de plus en plus vulnérable à une crise économique, particulièrement après le Budget 24-25.

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