Madagascar: Sans illusions après les élections, les habitants reprennent le cours de leur vie

À Madagascar, l'annonce des résultats provisoires des élections législatives, mardi 11 juin, par la Commission électorale (Céni) marque la fin d'un cycle électoral riche. Pendant cette période, les bas quartiers d'Antananarivo ont bénéficié de l'attention et de la générosité particulière des candidats. Des distributions de riz, d'argent et des promesses habituelles en temps de campagne. Loin de l'animation des dernières semaines, pour les habitants de ces zones défavorisées, c'est le retour à la normale, avec son lot de déceptions.

Dans cette rue pavée, aux abords d'un stand de fripes, un groupe de femmes s'agglutine autour de notre micro. Des promesses électorales faites aux habitants de ce quartier d'Anatihazo, elles n'en attendaient pas de changement de vie radical.

Mais Mbolatiana, sans emploi, s'agace de n'avoir reçu que la moitié de l'argent promis en échange de sa participation aux rassemblements de campagne d'un candidat. « C'est décevant, on a le sentiment d'avoir été manipulés. Le dernier jour de la campagne électorale, on a marché longtemps, très longtemps derrière lui pour le soutenir. Finalement, on a reçu 2 000 ariary au lieu de 5 000 ariary », explique-t-elle.

Un schéma infernal qui se répète

Derrière son stand, Rado, « gargotier », guette les clients. Lui s'est tenu à l'écart de la campagne, mais confie son amertume de voir des habitants du quartier - en majorité des femmes, dit-il - dupées par les politiciens. « C'est désolant, car la vie n'a pas changé. Les gens sont obligés d'accepter ce qu'on leur donne car ils sont pauvres. On les traite comme des animaux qu'on attire avec du riz et une fois les élections finies, les politiciens les ignorent. »

Ce schéma infernal, le même à chaque élection, Haingo, membre de la société civile locale, l'observe depuis des années et assure que les habitants en profitent, faute d'adhésion réelle à un programme. « Les habitants sont déjà conscients qu'une fois les élections passées, il ne faut rien attendre des élus. Alors, ils se disent même que maintenant, il faut attendre le mois de novembre prochain pour les élections municipales, afin de pouvoir bénéficier d'autres cadeaux. »

Dernière échéance électorale avant cinq ans, le scrutin municipal de novembre devrait être marqué dans ces quartiers défavorisés par les mêmes promesses et désillusions.

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