Tu as échoué ? Pourquoi ? Comment as-tu fait ? C'était un accident, un incident de parcours ? Tu n'as pas eu la chance ? Bien sûr, on ne peut pas échouer par accident. Il n'y a pas de hasard, mais est-ce pour autant d'accuser ce qui n'existe nulle autre part qu'en toi-même. Même la chance à l'état brut n'existe pas. La véritable chance, c'est celle qui est préparée, c'est celle que l'on se donne avant d'y prétendre. Alors, la seule chance concrète, c'est celle qui est en toi et que tu as épargnée sous forme de connaissances.
Depuis le début de l'année, tu as eu la chance d'être assidu en classe, de suivre les cours, de poser des questions pour mieux comprendre, de te poser les questions sur ton niveau réel, de jauger ce niveau en te comparant au meilleur de la classe, bref, tu as eu la chance d'apprendre tes leçons, de faire des exercices, de participer aux compositions, de t'essayer à l'examen blanc. Tu as même eu la chance de traiter des devoirs, de demander l'aide du meilleur élève de ta classe, d'aller chercher dans d'autres établissements d'autres sujets, d'accoster même à la sauvette d'autres enseignants pour des explications...
La chance, c'est aussi cet état de discipline que tu devais adopter pour t'imposer la rigueur qui promet. La chance, c'est toutes ces occasions manquées de céder à la paresse face à l'ouvrage qui attendait. La chance, c'est celle d'avoir une tête et pas deux, tout comme le premier de la classe, d'être dans la même classe que ce premier. Toute cette masse de chance a manqué d'acte pour avoir un impact sur tes résultats.
Il n'y a donc pas de malchance, il n'y a que des opportunités à saisir ou à lâcher. Autrement dit, on choisit son résultat, on se prépare à réussir avec les ingrédients de la réussite comme on se prépare à échouer avec les habitudes de l'échec. Dans ce cas, nous avons tous les mêmes chances de réussir ou d'échouer. La différence se trouve dans l'effort de se surpasser pour tendre vers l'un ou l'autre pôle de probabilité.
Tu as échoué ? Est-ce que toute ta classe a échoué ? Il y en a qui ont réussi ? Pourquoi ont-ils réussi et pas toi ? Qu'est-ce que tu as fait ou pas fait pour réussir ? Comment eux ont-ils fait pour avoir plus de 18, voir plus de 19 sur 20 de moyenne ? Y a-t-il d'office dès le départ, les héros et les zéros de la course ?
Si oui, pourquoi donc aller en compétition avec des gagnants et des perdants ? Dans ce cas, il faudrait élire les meilleurs et bannir les tarés ! Mais est-ce que tout est donné pour de bon ? Est-ce que tout est scellé d'emblée par un certain dest0in fatal et implacable ? Est-ce que le premier peut échouer ? Est-ce que le dernier peut réussir ? Est-ce que le premier peut être le dernier et le dernier peut-il être le premier ? En quoi cette équation est-elle possible ? N'y a-t-il pas un inconnu méconnu ? Oui, tu me diras qu'il y a des têtes mieux faites que d'autres et toi tu fais partie des têtes sans crête. Mais qui t'a dit que la réussite ou le succès ne se trouvent que dans la tête ?
A ta place, je m'arracherais le coeur et je le jetterais aux chiens, parce qu'un homme sans coeur est un lâche qui s'ignore. Et quand je te parle de coeur, je ne pense pas à un tas de muscle pompeur de sang. Bon sang, je te parle de cran et de fierté, de volonté et d'amour-propre, de rage de vaincre et de sacrifice ! Si la réussite avait une formule, elle ne serait peut-être pas mathématique, mais à coup sûr, elle serait pragmatique. Travail assidu + rage de vaincre + discipline = réussite. En dehors de cette règle, les autres possibilités de réussite relèvent de la triche, du vol.
Votre enfant a-t-il échoué ? Savez-vous à peu près pourquoi ? Comment a-t-il fait pour parvenir à ce résultat ? S'il était l'étalon de votre honneur, serait-il un favori, un outsider ou un tocard ? Pensez-vous qu'il a suffisamment suscité et muri ses chances de réussite ? Pensez-vous avoir également échoué d'une manière ou d'une autre ? Pensez-vous avoir réussi à votre examen de responsabilité parentale ?
Avez-vous fait de votre mieux et même au-delà de vos efforts pour qu'advienne cette réussite ? Pensez-vous qu'il a mérité son échec ? Est-ce que son échec vous a concerné ? Dire que l'enfant est le père de l'homme veut dire que nos enfants sont une sorte de prolongation de nous-mêmes. Ce sont nos héritiers et un héritier se forge dans la rigueur et la discipline. Mais combien de fois avez-vous sponsorisé les bêtises de votre fils, de votre fille ? Saviez-vous qu'au-delà du nécessaire, son argent de poche lui a valu le sobriquet de « Guichet automatique » dans le cercle vicieux de ses alcooliques acolytes de « tontine sexuelle » ? Saviez-vous qu'il ne suivait pas les cours et se moquait des séances d'évaluations ?
Saviez-vous qu'il s'adonnait plus à l'alcool qu'à l'école, pire à la drogue ? D'ailleurs, combien de fois avez-vous été à l'école pour prendre le pouls de sa conduite ? Est-ce que votre enfant est dans votre plan d'avenir ? Au-delà de votre argent, pensez-vous qu'il sera digne d'hériter de tout avec rien ? Bref, ces questions peuvent choquer, mais même Clément Zongo est concerné. Nous devons nous poser les vraies questions pour espérer trouver les bonnes solutions à cette déchéance de nos valeurs en matière d'éducation. Aucun échec n'est fatal, il faut savoir se remettre en cause et tirer profit de nos erreurs et méditer toujours sur ce qui nous a fait trébucher, plutôt que sur le point de chute.