Avec le dernier remaniement gouvernemental et le scrutin législatif du 29 mai, la recomposition du paysage politique commence à apparaître. Dans le camp de l'opposition, comme dans celui de la classe dirigeante, la nouvelle génération prend progressivement de la place.
La relève semble assurée
Dans un paysage politique longtemps dominé par des personnages qui ont occupé le premier plan depuis près de deux décennies, voire plus, des jeunes commencent à sortir du lot et à bouleverser le rapport de force.
Si la dernière équipe gouvernementale a été marquée par l'arrivée de deux ministres issus des générations des années 1980 et 1990, le dernier scrutin législatif a révélé que les politiciens les plus aguerris et expérimentés peuvent être bousculés par des candidats néophytes. Deux candidats de l'opposition, deux candidats indépendants et deux membres du gouvernement joueront certainement des rôles importants dans les années qui viennent.
Renouveau
Dans le camp de l'opposition, Ramilison Nomenjanahary dit Mily, candidat de la plateforme Firaisankina dans le district de Faratsiho, a fait sensation. En tenant tête à l'ancienne ministre Lalatiana Rakotondrazafy, politicienne chevronnée, grande figure du régime Rajoelina, Mily devient le chouchou de tous ceux qui sont las du régime et de toute la classe dirigeante.
En fait, selon les résultats provisoires proclamés par la Commission Électorale Nationale Indépendante, ce mardi, Ramilison Nomenjanahary caracole en tête à Faratsiho avec ses 45,29%. Lalatiana Rakotondrazafy, candidate IRMAR, n'a pu enregistrer que 40,46%. Christian Afakandro, candidat Firaisankina à Mahajanga 1, a également réalisé une performance remarquable en déclassant la députée sortante Lalao Rahantanirina dit Nina.
Avec ses 44%, Jaolahibe a mis fin à la domination de la dame de fer de Mahajanga qui n'a pu obtenir que 26% du scrutin. L'opposition peut ainsi compter sur ces deux jeunes qui ne peuvent qu'incarner le renouveau.
Incontournable
Désenchantés face à une classe politique qui n'a fait que plonger le pays dans la difficulté, déçus par rapport à l'offre politique, les électeurs ont choisi de faire confiance aux candidats indépendants. Dans le district de Tana III, l'essor de Gascar Fenosoa Mandrindrarivony est très révélateur. En battant le candidat du Firaisankina, Feno Ralambomanana qui a obtenu 25,18% et le candidat de l'IRMAR, Gabrielle Raharison, qui n'a fait mieux en obtenant 22,80%, le journaliste, avec ses 30,04%, a mis fin au bras de fer TIM-TGV dans le IIIème arrondissement en se positionnant comme une troisième alternative. Dans le district d'Arivonimamo, des vieux routiers de la politique comme Rodin Rakotomanjato du Firaisankina, avec ses 5,62%, ou encore Rakotondravoavy Andrianjafinjanakolona de la plateforme IRMAR, avec ses 14,85%, n'ont pas fait le poids face au jeune Rajerson Antoine Randriamampianina qui a enregistré 77,49%, et faisait ainsi un « pao-droa », un doublé. Avec l'association FIVOI, Antoine Rajerson sera incontournable durant la future législature.
Leadership
Au sein du gouvernement, la jeunesse est incarnée par la ministre des Affaires étrangères, Rasata Rafaravavitafika et le ministre de l'Environnement et du Développement durable, Max Fontaine Andonirina.
Depuis sa nomination, la cheffe de la diplomatie malgache n'a cessé de prouver qu'elle est à la hauteur de ce que le président Andry Rajoelina attend d'elle malgré son âge. Sa performance est d'ailleurs couronnée par l'élection, dernièrement, de Madagascar à la vice-présidence de la 79ème Assemblée générale des Nations Unies.
Max Fontaine Andonirina, quant à lui, est déjà vu par les observateurs comme étant le successeur du président Andry Rajoelina et sa nomination précoce à la tête de son département lui permettra d'affiner son leadership. Quoi qu'il en soit, ces six jeunes représentent certainement le futur dans un paysage politique et géopolitique en pleine mutation.