Congo-Brazzaville: Commerce dans les grandes artères publiques - Une activité illégale mais vitale

Depuis quelques années, à Brazzaville comme à Pointe-Noire, respectivement capitales politique et économique du Congo, les citoyens ont pris la fâcheuse habitude de vendre divers articles le long des grandes artères publiques. Du point de vue des autorités municipales, cette activité lucrative est illégale et dangereuse alors que pour ceux qui la pratiquent, elle est plutôt lucrative et donc vitale.

Plusieurs raisons incitent, semble-t-il, les citoyens à se permettre la vente de divers articles sur les trottoirs des grandes artères publiques. L'une d'entre elles est le chômage devenu endémique. En fait, pour pouvoir survivre, des chômeurs ont démarré certaines activités lucratives parmi lesquelles les travaux champêtres, le maraîchage et le commerce informel.

Cette triste réalité est d'autant plus vraie dans la mesure où, à cause de la chute du baril du pétrole, bon nombre de personne se sont retrouvées au chômage. Pour pallier le fléau du chômage, certains ont commencé à vendre dans les marchés domaniaux, d'autres devant leurs parcelles et d'autres encore sur les grandes artères publiques, proches des arrêts de bus.

« Je puis vous dire que le chômage pousse à la rue. Je n'avais jamais pensé vendre des habits en plein trottoir. Mais qu'est-ce ce que vous voulez ? Laissez-moi vous dire que c'est comme cela que je prends soin de ma famille. Pour l'instant, je n'ai pas de choix », a reconnu Marius Zola, un père de famille d'une quarantaine d'années qui s'est retrouvé au chômage suite à la crise pétrolière.

Une autre raison est la difficulté de trouver un travail digne de ce nom après des études supérieures. Chaque année, plusieurs élèves du secondaire, en fin de cycle, décrochent leur baccalauréat. Des étudiants terminent leurs études avec brio en décrochant, pour les uns, une licence, pour les autres, un master professionnel. Malgré ces brillants résultats, plus de la moitié de ces diplômés ne réussit à obtenir un stage encore moins un travail.

« Vous savez, quand j'étais en terminale, je me disais que bientôt je serai étudiant et j'aurai droit à une bourse. Cela n'a pas été le cas. Par la suite, je me suis dit, plus que trois ans, j'obtiendrai ma licence et je me trouverai un travail me permettant de jouir de mon salaire. Ce n'est toujours pas le cas ! J'ai l'impression d'avoir perdu mes efforts et mon argent! Hélas! Je suis en train de vendre des fournitures de bureau à cet arrêt de bus pour gagner ma vie. C'est très frustrant ! », a tristement déploré Charles Tsassa, un diplômé sans emploi.

Nécessité de respecter les normes

La plupart du temps, les vendeurs des grandes artères publiques ont la peur dans le ventre car c'est le domaine de l'Etat. Cela sous-entend que nul ne peut en faire usage sans autorisation. En règle générale, toutes les personnes qui mènent des activités dans le domaine public s'acquittent des droits. Donc, l'occupation des grandes artères publiques est réglementée. Raison pour laquelle, toutes les personnes qui vendent dans les grandes artères publiques sans autorisation sont logiquement passibles de poursuites judiciaires.

Généralement, ce sont les agents municipaux qui sont chargés de gérer les grandes artères publiques. Ils ont le droit d'y faire régner l'ordre. Et souvent, les particuliers ou les entreprises qui respectent les formalités d'usage ne subissent pas de représailles de la part de la municipalité.

Par contre, ceux qui s'installent anarchiquement dans ces endroits en subissent souvent . « Je dispose d'un kiosque. J'y effectue des transactions monétaires électroniques pour le compte des deux plus grands réseaux de téléphonie mobile de notre pays. Au départ, je ne disposais d'aucune autorisation. Je vous jure, j'en ai eu pour mon compte. Après, pour arrêter de souffrir, j'ai décidé d'être en règle. Maintenant, tout va bien! Je dispose de toutes mes autorisations. Quand il y a des descentes des agents municipaux, je ne tremble plus », a indiqué Edwige Massala, propriétaire d'un kiosque près d'un arrêt de bus très fréquenté.

Certaines personnes qui vendent dans des grandes artères de Brazzaville et de Pointe-Noire ont, pendant des interviews, souhaité que les agents municipaux arrêtent de les pourchasser. EIles souhaitent, par contre, que ces vaillants agents municipaux sensibilisent la population aux conditions à remplir pour pouvoir pratiquer des activités commerciales en toute légalité dans des grandes artères publiques.

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