Du marché Total à Madibou ou Mayanga, le tarif du transport en commun varie selon les heures et l'humeur des « rabatteurs », qui se sont érigés en véritables maitres des lieux. Conséquences, les clients sont à leur merci et la mairie de Brazzaville regarde impuissante.
Arrêt de bus Total, en partance pour Madibou. 7 heures, vous entendez les rabatteurs crier : « Total-Madibou, 150 FCFA ; Total-Mayanga : 150 FCFA ». La même journée, à partir de 16 heures, les tarifs changent. Total-Madibou, Total-Mayanga peuvent aller de 200 à 500 FCFA. Les rabatteurs, les contrôleurs et les chauffeurs sont tous unanimes, personne ne bronche et la police consent. C'est le triste tableau du soir à l'arrêt de bus de Total ou Angola libre. La foule de clients est désemparée. Ceux qui disposent du montant exigé prennent d'assaut les places disponibles.
Cependant, le reste demeure sur place pour attendre les moins disants. Et à un troisième groupe de prendre « la ligne onze », c'est-à-dire marcher à pied. Dans la conscience de certains, le phénomène est entré avec faits et bagages dans la normalité. Cependant, cette gestion à hue et à dia du transport urbain fait grincer les dents de nombreuses personnes et celles qui subissent de plein fouet la situation.
Dieu seul sait quelles sont les conséquences de ce qui est considéré par certains comme un désengagement de la mairie : le travail s'en trouve impacté et les finances subissent un coût. La situation émeut la génération de ceux qui ont vécu les années de bonheur à Brazzaville : la période des Sata, STUB... D'aucuns se demandent de quel droit se reconnaissent ceux qui n'agissent pas conformément aux délibérations de l'Hôtel de ville de Brazzaville.
A titre de rappel : le prix officiel d'une course de taxi est de 700 FCFA ; tandis que celui des bus et minibus est de 150 FCFA. Par manque de suivi des services de la mairie, les transporteurs ont créé une situation d'enclavement de certains quartiers, dont ceux de Madibou et des environs, brandissant comme raison la hausse du coût du carburant, le mauvais état des routes causant des embouteillages et le harcèlement des policiers routiers.
Dans la situation présente, comment ne pas être un « laudator temporis acti » (Celui qui fait l'éloge du temps passé) ? C'est en toute raison que ceux qui peinent à se déplacer ont tendance à réinventer le passé, à le parer de beauté. Le présent, certes, est fait de passé et d'avenir au même moment. Quant à réinventer le passé, autant que ce soit, pour la bonne cause, afin de pouvoir fièrement dire, avec Louis Aragon, dans « le fou d'Elsa » : « J'ai réinventé le passé pour voir la beauté de l'avenir ». Le passé glorieux de Brazzaville, les années Sata, peut inspirer le présent. C'est un voeu !