Pour sa pièce de théâtre « Kavla Kanza », le metteur en scène et auteur congolais, Dieudonné Niangouna, sera sur scène à Lyon, en France, du 19 au 22 juin, dans le cadre du festival Les invités de Villeurbanne.
Le texte « Kavla Kanza » est une diatribe, une logorrhée intarissable comme un fleuve en crue, la langue de Dieudonné Niangouna étant habituée. Sur les rythmes délirants d'une vieille rumba congolaise jouée par Kavla Kanza, le texte coule et draine avec lui les ravages de la guerre, les rêves qu'il reste à formuler, la nécessité de s'échapper de soi.
« La poésie m'a toujours habité. Une des rares formes de communication à justifier le dérangement. On est si bien avec soi-même. Pourtant, je n'ai jamais su réussir le moindre vers. J'ai essayé sous divers pseudonymes et de multiples identités. Toujours quelqu'un m'avait précédé, forcé mes antres, usurpé mes dérives, marché sur mon île. Il me coûte de réaliser à chaque lecture que je ne suis guère aussi seul que je l'avais cru.
Faute de pouvoir intenter des procès pour mes droits d'auteur à mille milliards d'usurpateurs, je travaille sur une grande oeuvre de bricole. J'ai tout écrit sur une même page de sorte que chaque image prenne appui sur la précédente et la rende totalement illisible. Récrivant tous les livres sur ma vieille feuille déchirée, je garde comme un grand secret tous les mots du monde dans ma tête. J'efface en écrivant. J'écris en effaçant. De l'un ou l'autre, ou l'inverse. N'importe. Je cultive les passerelles », a écrit Dieudonné Niangouna sur sa page Facebook.
Né en 1976, à Brazzaville, Dieudonné Niangouna est un comédien, auteur et metteur en scène. Rien ne décrit mieux son écriture que le nom de la compagnie Les bruits de la rue. Son oeuvre littéraire se nourrit, en effet, de la rue, reposant sur un langage explosif et dévastateur à l'image de la réalité congolaise. A ses compatriotes, comme tous les spectateurs qu'il rencontre bien au-delà des frontières congolaises, il propose un théâtre de l'urgence, inspiré d'un pays ravagé par des conflits armés et par les séquelles de la colonisation française. Un théâtre de l'immédiateté dans une société où il faut résister pour survivre quand on est auteur.
Son théâtre protéiforme qui fait appel à la langue française, plus classique, populaire et poétique, nourri de celle du grand écrivain congolais, Sony Labou Tansi. Conscient de la triple nécessité pour la langue théâtrale d'être à la fois écrite, dite et entendue, Dieudonné Niangouna se sert d'images et de formules empruntées à sa langue maternelle et orale, le lari, pour inventer un français enrichi et généreux, une langue vivante pour les vivants.
Avec Les bruits de la rue, il signe les textes et les mises en scène tels que « Nouvelle terre Weré Weré liking », en 2000, « De carré blanc » en 2001, « Intérieur et extérieur » en 2003. Avec « Attitude clando » au festival d'Avignon en 2007 et en 2009, Dieudonné Niangouna est l'un des quatre auteurs de théâtre d'Afrique présentés en lecture à la comédie française, au vieux colombien. Ses textes sont publiés au Cameroun, en Italie et en France.
Le festival Les invités de Villeurbanne, ce rendez-vous incontournable de l'été, et toujours gratuit, proposera au public des rencontres, tables rondes balades littéraires, expositions, lecture à haute voix, ateliers d'écriture et d'arts plastiques, concerts, performances, publications inédites.