Ile Maurice: Zoom sur les salaires des religieux

La mesure a été annoncée dans le Budget 2024-25. La subvention accordée aux organismes religieux - dits socioculturels - passe de Rs 125 millions à Rs 200 millions.

Dans le Budget 2022-23, lorsque le pays se remettait des bouleversements liés au Covid19, une somme de 108 millions avait été allouée aux organismes religieux. Cette année, une augmentation de 60 % a été accordée, ainsi que des facilités hors taxes pour l'achat de voitures tous les sept ans par les prêtres enregistrés. Questions dès lors : comment les organismes religieux gèrent-ils les subventions et combien gagnent les religieux ?

Rs 17 669 pour un prêtre catholique

Comme l'exige le gouvernement, 80 % de la somme perçue est consacrée aux salaires des prêtres et 20 % à la construction et à la rénovation des églises et aux autres dépenses liées à la formation du clergé, explique le père Pierre Piat, l'économe diocésain. «Ces comptes sont dûment vérifiés par le bureau de l'Audit. Nous avons 76 prêtres qui perçoivent chacun Rs 17 669, quel que soit le niveau. De l'évêque au jeune prêtre débutant, tous reçoivent la même somme.»

Dons des fidèles aux temples, entre Rs 5 000 et Rs 15 000 pour des pandits

La Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation (MSDTF) fédère 290 temples et gère quelque 90 «gurukul» (NdlR, un type de système éducatif dans l'Inde ancienne avec des śiśya vivant à proximité ou avec le gourou dans la même maison pendant une période de temps où ils apprennent et sont éduqués par leur gourou) à travers le pays. 20 % du montant collecté sont consacrés aux frais administratifs de la MSDTF. Puis, on compte les salaires du personnel de l'association, les provisions mensuelles pour les frais de fonctionnement des véhicules, les factures d'électricité et d'eau et d'autres frais de la MSDTF couverts par la subvention reçue. Il faut également compter les provisions pour les activités liées aux festivals, les dons humanitaires, les provisions en cas de calamités naturelles ou pour les funérailles. Chaque temple fédéré reçoit également une allocation par mois.

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Les pandits, eux, ne reçoivent cependant pas de salaire direct et fixe. «Les revenus des pandits proviennent en grande partie des dons ou des contributions des fidèles de la localité au temple, ainsi que du nombre de cérémonies et de séances de prières qu'il effectue. Ils acceptent ce que les fidèles leur offrent de bon coeur, même si c'est peu. D'autres peuvent recevoir entre Rs 5 000 et Rs 15 000 pour une cérémonie, ou une somme considérable pour des cérémonies de prière de trois jours à l'occasion de mariages. C'est un engagement et une responsabilité, car ils transmettent de bons enseignements à la société», explique-t-on.

Allocation mensuelle de Rs 5 400 pour les imams, entre Rs 10 000 et Rs 15 000 pour certains

IL en va de même pour les imams enregistrés, qui ne disposent pas d'un cadre réglementaire fixant un seuil de rémunération uniforme. Ils perçoivent une allocation mensuelle accordée par le Board of Waqf Commissioners, qui est mandaté pour recevoir et gérer le subside destiné à la communauté musulmane. L'année dernière, le montant perçu était de Rs 16 millions. Le Waqf Board compte actuellement 245 mosquées sous son égide.

«Une allocation uniforme de Rs 5 400 par mois est accordée à chaque imam qui officie dans une mosquée, et le comité de chaque mosquée reçoit une subvention annuelle de Rs 12 000 pour l'entretien de la mosquée. Le comité de gestion décide de l'utilisation de l'allocation d'entretien dans le meilleur intérêt de la mosquée, et le conseil surveille les dépenses ainsi que la présence de l'imam officiant», explique Nayaaz Bundhun, secrétaire du Waqf board. Il faut aussi compter des frais annuels d'audit, des frais bancaires ainsi que des frais administratifs, tous provenant de la subvention.

Nayaaz Bundhun affirme en outre que «le salaire mensuel de l'imam, au-delà de l'allocation accordée par le Waqf board, est sujet à son accord sur les termes et conditions avec la direction de la mosquée qui est son employeur. Les revenus de la mosquée dépendent à leur tour de l'engagement des membres de la communauté à son égard à travers les dons. Dans certaines mosquées, les membres de la communauté se montrent plus impliqués et contribuent généreusement à toutes les activités, ce qui permet à la direction d'effectuer des rénovations majeures et de bien rémunérer l'imam».

De ce fait, explique un jeune imam d'une mosquée de Port-Louis, «il y a des imams qui perçoivent un fort revenu, et là où les membres de la communauté ne sont pas engagés, on trouve des imams ayant 20 ans d'expérience qui ne gagnent que Rs 10 000 voire Rs 15 000. Cela peut être décourageant, car plusieurs jeunes sont enthousiastes de connaître la religion et de servir la communauté, mais ils décident qu'ils n'officieront pas comme imam. Ils préfèrent devenir enseignants en sciences islamiques et en jurisprudence dans des collèges ou des universités, ou officier en tant qu'imam dans une mosquée, tout en ayant leur propre business pour gagner suffisamment d'argent».

On a «consulté» pour vous...

Élections générales : ce que disent les pandits et le Panchang...

L'atmosphère est indéniablement celle d'une campagne électorale, bien que la date des législatives n'ait pas encore été fixée. Le mandat du gouvernement prend fin en novembre 2024. Selon la Constitution de Maurice, c'est au Premier ministre qu'incombe le droit exclusif de fixer la date des élections, en choisissant le moment le plus favorable pour convoquer le pays aux urnes. Au sein du MSM et du côté de certains observateurs politiques, on évoque la possibilité que Pravind Jugnauth opte pour la dissolution du Parlement entre août et octobre. Une chose est sûre : avant de décider de la date des élections de 2024, le chef du gouvernement consultera certainement, comme le veut la coutume, ses conseillers «spéciaux» pour choisir une date favorable. Madhav Pathak, un astrologue originaire de Mathura en Inde, et le pandit Uttam Parsad Jugdambi de Goodlands, partagent leur opinion sur la période propice pour les législatives...

Lors des élections de 2019, Madhav Pathak avait prédit la victoire de Pravind Jugnauth.

Lors des élections de 2019, Madhav Pathak avait prédit la victoire de Pravind Jugnauth. Pour celles de 2024, il estime qu'il serait judicieux que les élections aient lieu en novembre, entre le 20 et le 25. Il explique que pendant ces cinq jours, selon le Panchang (calendrier hindou), les conditions sont favorables «émotionnellement» pour la tenue des législatives. «Il y a un profond sentiment de patriotisme ancré chez les gens, démontrant un immense amour et une grande dévotion envers leur pays. Le patriotisme ne se limite pas à suivre les paroles des personnes liées au pouvoir, mais révèle une loyauté envers le pays et son système politique, plutôt qu'envers un leader politique ou au pouvoir», souhaite-t-il ajouter.

Uttam Parsad Jugdambi, 64 ans, exerce comme pandit depuis 42 ans et possède des qualifications en astrologie indienne. «Il y a de nombreux signes indiquant que les élections générales de 2024 se tiendront cette année-même. Si tel est le cas, cela devrait être avant le 15 décembre, car après cette date, nous entrerons dans la période de kharmas (NdlR, de mauvais augure, peu propice selon le Panchang) et je doute que Pravind Jugnauth prenne le risque d'organiser des élections pendant ce laps de temps. Les élections générales pourraient également se tenir car aucun événement majeur n'est prévu selon les astres.»

Le pandit affirme en outre également que même si toutes les étoiles s'alignent en faveur d'un leader politique, «s'il doit tomber, il tombera»... Et cette décision, elle revient au peuple.

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