Ile Maurice: Ce qu'en pensent ces jeunes professionnels

Une semaine s'est écoulée depuis la présentation du Budget 2024-2025. Si certains se disent satisfaits des mesures annoncées, d'autres demeurent sceptiques. Trois jeunes professionnels, Emilie Soogund, Fakhruddeen et Ritesh Daworaz, ont tenu à partager leurs opinions à ce propos.

Emilie Soogund, 19 ans, de Vacoas : «Cinq jours après la présentation du Budget, le prix du fromage est déjà passé à Rs 95»

«Le Budget présenté par le gouvernement cette année est clairement une répétition de celui de l'année dernière et il ne convainc pas. Les mesures restent les mêmes, seuls les chiffres ont changé. Nous constatons que ce gouvernement ne se soucie pas des citoyens et cherche à les rendre dépendants de lui. Par exemple, bien que les allocations aient augmenté, les prix aussi grimpent. Cinq jours après la présentation du Budget, le prix du fromage est déjà passé à Rs 95, soit une augmentation de Rs 15. Ainsi, les travailleurs à bas revenus ne peuvent pas se permettre des produits aussi basiques sans dépendre des allocations.

De plus, l'augmentation des pensions et la prétendue baisse du prix du gaz - de Rs 180 à Rs 240 puis à Rs 190 - ne représentent pas une véritable amélioration. Cela est censé alléger la charge des personnes âgées, mais la taxation agressive des médicaments annule cet avantage. Ces mesures ne fournissent pas d'aide concrète. Il est frustrant de voir comment ce gouvernement prétend «autonomiser» la population tout en renforçant en réalité la dépendance.

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En tant que jeune femme, je constate que l'égalité des genres n'est pas un sujet sérieux, vu les mesures inéquitables prises dans notre pays. L'introduction des allocations familiales réduit l'expérience profonde de la maternité à une simple transaction financière. Bien que les hommes et les femmes bénéficient de congés parentaux, l'inégalité persiste, renforçant l'idée que le travail est plus important pour les hommes tandis que les femmes doivent souvent mettre leur carrière en pause pour s'occuper des enfants. Où est l'égalité dans tout cela ?

La position sur l'éducation est également contradictoire. Le ministre propose des investissements importants dans les écoles publiques tout en offrant des déductions fiscales favorisant l'enseignement privé. Cela compromet l'objectif d'améliorer l'éducation publique. Les écoles publiques sont-elles réellement de qualité ? Pourquoi favoriser l'enseignement privé si les investissements publics sont suffisants ?

Les artistes ne sont pas non plus épargnés. En achetant leur talent et en imposant des conditions pour le soutien financier, le gouvernement étouffe la liberté créative essentielle au développement culturel. Les artistes ont besoin de liberté pour s'exprimer et innover, pas de subventions conditionnées qui limitent leur créativité. Pourquoi ne pas offrir un soutien inconditionnel qui permettrait aux artistes de s'épanouir véritablement et de contribuer à la richesse culturelle de la nation ?

La jeunesse, quant à elle, se bat pour étudier et réussir, mais elle est confrontée à un gouvernement qui permet aux travailleurs étrangers de leur voler les opportunités. Où est la méritocratie dans tout cela ? Où est la confiance en la jeunesse mauricienne ? Les jeunes, remplis d'ambition et de potentiel, méritent d'être soutenus et encouragés, pas de voir leurs efforts réduits à néant par des politiques qui favorisent l'importation de main-d'oeuvre étrangère au détriment des talents locaux. J'ai beaucoup de questions, mais vais-je aussi être réduite au silence ? Où est-ce que les jeunes étrangers vont prendre ma place ?

Le soutien financier offert n'est pas mauvais en soi, mais l'utiliser pour gagner des votes tout en négligeant des problèmes plus profonds diminue le potentiel de véritables progrès. D'un point de vue économique, l'accent mis sur la distribution d'argent nécessite un examen minutieux du retour sur investissement, avec un besoin de transparence et de responsabilité pour démontrer les gains économiques et sociétaux à long terme.

Ainsi se pose la question : ce Budget est-il vraiment au service du progrès ou cache-t-il une tentative de maintenir le statu quo ?»

Auhammud Mohammad Shah Fakhruddeen, 28 ans : «L'accès gratuit à Internet pour les étudiants âgés de 18 à 25 ans exclut les élèves des écoles primaires et secondaires»

«Dans un pays où les jeunes constituent une part significative de la population, le Budget laisse beaucoup à désirer pour nombre d'entre eux. Le gouvernement a récemment dévoilé ses plans, mettant en avant des augmentations pour certaines allocations et des réductions sur certains produits de première nécessité. Cependant, les réactions parmi la jeunesse sont marquées par la déception et l'insatisfaction.

Parmi les mesures annoncées, une augmentation modeste des pensions à partir du 1er juillet et en janvier prochain a été mise en avant. Cependant, comme souligné par de nombreux jeunes, cette augmentation est loin de compenser l'augmentation des dépenses courantes attendue en janvier. De plus, une allocation quotidienne de Rs 800 pour les pêcheurs par mauvais temps a été promise, mais cela soulève des questions sur la suffisance de cette somme pour une famille typique de 4 à 5 personnes.

Une autre mesure applaudie par certains est la réduction du prix des bouteilles de gaz, passant de Rs 240 à Rs 190. Cela représente une économie potentielle d'environ Rs 600 par foyer chaque année. Cependant, beaucoup se demandent quel impact réel cela aura sur leur vie quotidienne, étant donné les coûts élevés des articles essentiels comme le lait.

Mes critiques les plus acerbes concernent les allocations destinées aux jeunes familles et aux étudiants. Une allocation de Rs 2 500 pour les mères avec un nouveau-né a été annoncée, mais la question est de savoir si cette somme est suffisante pour élever un enfant dans les conditions actuelles reste posée. De même, la promesse d'un accès gratuit à Internet pour les étudiants âgés de 18 à 25 ans exclut les élèves des écoles primaires et secondaires, suscitant des inquiétudes quant à l'équité de l'accès à l'éducation numérique.

Ce Budget semble être une répétition des propositions précédemment faites par l'opposition, mais avec des modifications. Cette impression de manque d'innovation et d'amélioration concrète des conditions de vie est une source de frustration et de mécontentement parmi la jeunesse mauricienne.»

Ritesh Daworaz, 25 ans de Sébastopol : «Un engagement louable envers la résilience économique, le développement social et la croissance durable»

«L'un des aspects les plus remarquables du Budget est son accent sur la diversification économique et l'innovation. En investissant dans des industries émergentes telles que la technologie, les énergies renouvelables et l'infrastructure numérique, Maurice se positionnera comme un centre régional pour l'innovation et l'entrepreneuriat, notamment avec la création d'une Autorité de régulation biopharmaceutique.

Au coeur de l'agenda budgétaire se trouve une refonte transformative du système éducatif, conçue pour doter les jeunes Mauriciens des compétences et connaissances nécessaires pour prospérer dans l'économie du 21e siècle. L'éducation est désormais gratuite de la maternelle à l'université. Parmi les initiatives annoncées, citons la prise en charge intégrale des frais d'examen du SC et du HSC ainsi que des bourses complètes pour les détenteurs de la bourse HSC Professionnel. En favorisant une génération de penseurs et de résolveurs de problèmes, Maurice jette les bases d'une innovation et d'une croissance économique durables.

Reconnaissant le pouvoir transformateur de la technologie numérique, le ministre des Finances propose des mesures ambitieuses telles que la fourniture d'un forfait mensuel de données gratuit pour tous les citoyens âgés de 18 à 25 ans, et la DBM introduira un prêt à taux zéro pour l'achat d'équipements informatiques pour cette tranche d'âge. Ces mesures exploitent le potentiel de l'innovation numérique au bénéfice de toute la jeunesse mauricienne. En investissant dans le potentiel des jeunes adultes, le programme bénéficie non seulement aux individus mais contribue également au développement socio-économique global et à la prospérité de la société.

Au-delà de l'autonomisation économique, les initiatives visant à soutenir les projets des jeunes pour relever les défis sociaux et environnementaux pressants, tels que le changement climatique, la réduction de la pauvreté et le développement communautaire, reflètent un engagement à exploiter la créativité et la passion des jeunes pour le bien commun. En donnant aux jeunes les moyens de devenir des agents de changement positif dans leurs communautés, Maurice cultive une génération de leaders compatissants et socialement responsables qui façonneront un avenir plus équitable et durable pour tous.»

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