Les tensions sur le réseau de distribution d'eau à Antananarivo sont habituelles, à cause notamment d'une capacité de production insuffisante par rapport au nombre d'habitants, avec un manque de 60 000 m3 quotidiens. Mais ces derniers jours, dans plusieurs quartiers, les coupures se multiplient et le débit est très faible.
La borne-fontaine tourne à plein régime ce dimanche après-midi. Et la nouvelle a de quoi devenir un petit évènement à l'échelle du quartier de Manjakaray où l'eau ne coule habituellement qu'en pleine nuit. « C'est un miracle. C'est le jour du seigneur. »
Cette fontainière peine à y croire tant l'eau se fait rare ces derniers jours. Une situation qui bouleverse le rythme de vie des usagers, raconte Célestine, habitante du quartier. « Ce qui est le plus difficile, c'est qu'on est constamment en attente d'eau. Ici, dans le quartier, le jour et la nuit se sont inversés. Comme il ne tombe pas une goutte du robinet en journée, la fontainière est obligée de veiller toute la nuit pour que les gens puissent remplir leurs bidons. »
« On ne dort pas la nuit, on attend l'eau »
Devant l'Église catholique du quartier, Francia sort de la messe. Elle bénéficie de l'eau courante dans son foyer, mais ses robinets sont, eux aussi, à sec. Entre 20h et 2h du matin, elle ne parvient à remplir, goutte par goutte, que 3 bidons de 20 litres. « C'est très insuffisant parce que nous sommes cinq à la maison. On doit laver le linge, faire les repas... C'est insupportable, on ne dort pas la nuit, on attend l'eau. »
Une telle tension dans l'approvisionnement en eau est inédite pour le mois de juin, période de l'année, hors étiage, où l'on estime les réserves d'eau de la Jirama encore suffisantes pour faire face aux besoins de la capitale. La compagnie nationale de distribution évoque de son côté le mauvais état général de ses installations.