Nigeria: Des réformes à polémique

Au Nigeria, les populations, malmenées par la vie chère, ne savent plus à quel saint se vouer. Elles vivent avec la hantise de lendemains encore plus sombres, dans un contexte économique très difficile. Les réformes entreprises par le président Bola Tinubu, caractérisées par la suppression de la subvention du carburant et du contrôle des devises, ont renchéri sensiblement le coût de la vie. Les prix de l'essence, des denrées de première nécessité, de l'électricité et des transports se sont envolés, au grand dam de la majorité des Nigérians.

Le taux d'inflation établi à 33,95% en mai 2024 est le plus élevé de ces 30 dernières années, selon la Banque centrale nigériane. La dépréciation du Naira face au Dollar a compliqué le quotidien des habitants d'un pays, fortement dépendant des importations. Début juin, les principaux syndicats de travailleurs nigérians, le Nigeria Labour Congress (NLC) et le Trade Union Congress (TUC) ont appelé à une grève générale illimitée pour exiger une augmentation du salaire mensuel minimum actuel de 30 000 nairas (20 dollars) à 500 000 nairas (336 dollars).

Le gouvernement nigérian n'avait pas accédé à cette requête, tout en promettant de doubler le salaire minimum. Ce mouvement d'humeur avait été suspendu pour ouvrir la voie à des négociations qui avaient abouti, semble-t-il, à un compromis. Un projet de loi relatif à la revalorisation du salaire minimum devrait incessamment voir le jour et éclairer du même coup l'opinion publique nigériane sur les concessions gouvernementales.

Rien ne va sur le plan économique au Nigeria, Etat le plus peuplé d'Afrique, qui n'a jamais autant reflété son appellation de « géant africain au pied d'argile ». La plus grande économie du continent est loin d'être au mieux de sa forme. Selon les données actualisées du FMI pour avril 2024, le Nigeria, qui avait été rétrogradé au 3e rang en décembre dernier, n'est même plus dans le Top 3 de l'Afrique en 2024.

Le président Tinubu, qui croit dur comme fer que l'économie nigériane a besoin de réformes pour retrouver de sa superbe, a-t-il la science infuse ? Pour lui, l'économie nigériane, très dépendante de l'exploitation pétrolière, a besoin de mesures fortes pour se remettre sur les rails. Les réformes engagées à cet effet et jugées nécessaires pour atteindre cet objectif n'ont pas encore produit l'effet escompté. Bien au contraire, elles irritent une bonne partie des Nigérians qui y voient la source de leurs malheurs.

Un début de soulagement pourrait venir de la Banque mondiale qui, malgré ses doutes sur la stratégie de réajustement de taux d'intérêt au Nigeria, a mis la main à la poche. L'institution financière vient d'accorder deux prêts au pays, dans le cadre de 2,25 milliards de dollars, en vue de stabiliser son économie. Cette aide permettra de soutenir les plus pauvres et d'améliorer les revenus non pétroliers. Le chef de l'Etat nigérian doit certainement bénir ce geste qui tombe à pic. Fortuné, Tinubu qui boucle un an de pouvoir, n'est pas vraiment perçu par une certaine opinion, comme étant proche des réalités des populations. Le nouvel homme fort du Nigeria a du pain donc sur la planche...

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