Selon le quotidien britannique Financial Times, un accord serait en négociation entre Washington et l'homme d'affaires israélien. Celui-ci lui permettrait, alors que Dan Gertler est actuellement sous sanctions américaines, de vendre ses actifs congolais à Kinshasa pour environ 300 millions de dollars et d'avoir à nouveau accès au marché financier américain.
Le sujet est sensible et se discute de manière feutrée dans les cercles du pouvoir à Kinshasa, nous confie une source proche de la présidence congolaise.
Dan Gertler, le milliardaire israélien, sous sanctions américaines depuis 2017 pour des faits de corruption, pourrait être autorisé à vendre au gouvernement des actifs financiers liées à trois mines. Un accord est en cours de négociation entre l'homme d'affaires, Washington et les autorités congolaises. Les Américains ne font pas de secret de leur objectif : le départ de l'homme d'affaires israélien de RDC doit permettre l'investissement d'entreprises en ligne avec leurs intérêts sur le sol congolais.
Mais pour cela, les sanctions contre Dan Gertler doivent être levées, au moins temporairement. « Le gouvernement congolais aurait proposé à Dan Gertler, le rachat de ses actifs à hauteur de 300 millions de dollars », confirme Jean-Claude Mputu, porte-parole de l'ONG « Le Congo n'est pas à vendre ».
Trois cents millions pour racheter les royalties que Gertler touche encore sur trois mines d'étain et de cobalt en RDC (Kamoto, Mutanda, Metalkol).
Pour la société civile, le paiement d'une compensation à l'homme d'affaires israélien est inconcevable. « Le Congo ne devrait pas payer 300 millions de dollars. Selon nos estimations les royalties lui ont déjà rapporté 1,9 milliards de dollars alors qu'il ne les a pas acquis légalement. Leur obtention est le fruit d'une corruption liée à ses amitiés avec l'ancien président Joseph Kabila, souligne Jean-Claude Mputu. Les royalties appartiennent au peuple congolais et à la Gécamines (la société publique minière congolaise). »
En 2022, Dan Gerlter avait accepté de céder ses parts à Kinshasa dans les trois mines, mais avait obtenu de conserver les royalties associées, à hauteur de 2,5% des ventes des produits de chacune d'entre elles selon le FT.
« Le Congo, qui n'a pas d'argent, devra s'endetter pour payer quelque chose qui lui appartient. Ce qui est complètement incompréhensible. Nous ne comprenons pas que le gouvernement congolais adopte cette position », s'insurge Jean-Claude Mputu.
La fraude et la corruption sur les contrats pétroliers et miniers aurait coûté plus d'1,36 milliard de dollars de revenus à l'État congolais, sur la seule période 2010-2012, a évalué le Trésor américain.
Selon plusieurs acteurs, il est par ailleurs peu probable que cette offre soit acceptée par l'homme d'affaires. Ce dernier, qui a toujours réfuté les accusations de corruption, pourrait demander une somme plus conséquente encore.