Congo-Kinshasa: Kanyabayonga - Les patrouilles de la MONUSCO rassurent les habitants

communiqué de presse

« Je fais ce métier depuis huit ans mais je n'ai jamais vu ça », s'inquiète Éric Bahati, un transporteur de marchandises qui travaille depuis 8 ans entre Beni, Butembo, Lubero et Goma. Depuis deux semaines, son camion, rempli de planches en bois et de produits vivriers, ne peut pas quitter Kanyabayonga. La situation sécuritaire ne le permet pas. Il était présent dans la cité pendant les combats entre les groupes armés et l'armée congolaise.

« Des combats violents », raconte ce conducteur habitué à vivre sur les routes et loin de sa famille. Il dit comprendre les personnes qui ont mis leurs familles à l'abri, loin de la commune.

Gervais Mumbere fait également partie de ces personnes. Le 30 mai dernier, lorsque les combats se sont rapprochés de Kanyabayonga, il a décidé d'envoyer son épouse et ses enfants à Kayna, située à 17 kilomètres de Kanyabayonga.

Membre du bureau local de la société civile, il a pris la décision de rester sur place. Il décrit de fortes détonations pendant « au moins quatre jours » dans la commune de Kanyabayonga, dont la plupart des 71,000 habitants ont fui les combats.

Routine et incertitude

« Les gens ont peur », constate M. Mumbere. Selon lui, beaucoup pensaient que la commune tomberait entre les mains des rebelles.

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Éric Bahati et ses camarades conducteurs s'étaient regroupés « en retrait de la commune », pendant les combats. « Ça tirait de partout. Partout ici, c'était désert », se souvient-il.

Cette peur se lit également dans les regards de ceux qui commencent à revenir. En effet, depuis un peu plus d'une semaine, un timide mouvement de retour s'est amorcé. Certains sont rentrés pour vivre à nouveau chez eux tandis que d'autres ne sont que des « retournés temporaires ».

Agnès, vendeuse de tomates au petit marché de Kanyabayonga fait partie du second groupe. Elle également trouvé refuge à Kayna avec sa famille. Mais chaque matin, elle revient dans sa commune pour vendre des tomates afin «de nourrir ses enfants ». Cependant, Agnès est très remontée. Selon elle, tout n'est pas fait pour ramener complètement la paix.

Gervais Mumbere partage son point de vue. Pour lui aussi, les forces de défense et de sécurité congolaises ainsi que leurs partenaires n'en font pas assez. Alors qu'il se confie, le jeune homme s'interrompt. Des détonations d'armes lourdes se font entendre au loin.

« C'est tous les jours comme cela », précise-t-il.

« Les patrouilles nous rassurent »

D'après lui, ce ne sont pas tant les combats de la fin du mois de mai, mais plutôt les bombardements quotidiens sur la commune qui ont poussé les habitants à fuir. Comment explique-t-il alors le retour de certains habitants ?

« Quand on voit les patrouilles de la MONUSCO, ça nous rassure. Je pense que cela a encouragé certains à rentrer », explique Mumbere. A travers les rues de Kanyabayonga, on voit effectivement des Casques bleus de la MONUSCO effectuer des patrouilles de jour comme de nuit.

Mais pour le conducteur Éric Bahati, ce n'est pas suffisant. Les Casques bleus devraient aller au-delà de la commune. Il suggère notamment des patrouilles dans les champs, situés à l'extérieur de Kanyabayonga. Craignant d'être pris pour cibles, les paysans n'osent plus s'y rendre bien que l'agriculture soit la principale activité de la région.

Pour l'heure, Kanyabayonga reste une commune où la tension est vive.

Selon des chiffres de la société civile, moins d'un habitant sur cinq est rentré.

Comme Éric Bahati, Gervais Mumbere exprime son soulagement de voir la vie reprendre peu à peu à Kanyabayonga.

Cependant, ils craignent tous deux qu'une reprise des combats n'anéantisse tout espoir de retour à une vie normale.

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