Ethiopie: Nord du pays - A Mekele, le désœuvrement des soldats démobilisés après la guerre du Tigré

La guerre au Tigré entre les forces fédérales, appuyées notamment par l'Érythrée voisine, et les rebelles tigréens, avait fait environ 600 000 morts, entre 2020 et 2022 dans cette région du nord de l'Éthiopie. Un an et demi après la signature d'un traité de paix, plus de 100 000 soldats ont été démobilisés, selon le gouvernement intérimaire du Tigré. De nombreux anciens soldats attendent désormais désespérément une aide financière et des formations pour démarrer une nouvelle vie, à l'image de ceux qui errent à Mekele. Reportage.

En Éthiopie, plus de 100 000 soldats ont été démobilisés, selon le gouvernement intérimaire du Tigré, sur les 270 000 recensés par la Commission de réhabilitation nationale dans la région.

Pour sortir du cycle de violence, la réintégration des combattants dans la société est un enjeu fondamental pour le pays. Elle fait partie des accords signés à Pretoria en novembre 2022 et rentre dans le cadre du DDR, le programme de Désarmement, de démobilisation et de réintégration.

Les anciens soldats doivent recevoir une aide financière et des formations pour démarrer une nouvelle vie. Mais il a pris un retard considérable et n'est toujours pas lancé 18 mois après la fin de la guerre... Les vétérans l'attendent et se sentent abandonnés, comme à Mekele, dans le nord du pays.

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« On a besoin d'un soutien psychologique et financier pour revenir à notre vie d'avant »

Dans les rues de Mekele, les anciens combattants sont ainsi partout, à l'image de Samson. Ce dernier a servi pendant un an dans les forces de défense du Tigré avant d'être blessé par balle et de quitter l'armée pour s'occuper de ses enfants, sans autorisation officielle. Considéré comme déserteur, il n'est donc pas comptabilisé dans les ex-combattants. Il sait qu'il ne recevra aucune aide. « Allez voir sur le marché dans le centre-ville, les mères qui mendient pour payer les médicaments de leurs enfants blessés au combat, lance-t-il. Ça montre qu'ils nous ont oubliés. Non, vraiment, je n'attends rien du gouvernement ».

Mizan, 31 ans, passe le temps à la terrasse d'un café. Il a reçu la certification mais attend toujours l'aide financière promise : « On a besoin d'un soutien psychologique et financier pour pouvoir revenir à notre vie d'avant et travailler. C'est important de se sentir occupé, de faire quelque chose. »

Selon l'association Tigray Youth, plus de 80 % des jeunes Tigréens sont au chômage - 30 % de plus qu'avant la guerre - comme Mahatem, lui aussi ex-combattant : « Les soldats qui étaient sur le front du Tigré occidental, le front de Zalambessa, ont combattu pour leur peuple, mais leur terre est toujours occupée par d'autres forces et ne peuvent rentrer. Ceux qui ont des certificats officiels qui montrent qu'ils ont quitté l'armée souffrent aussi, ils n'ont pas d'argent pour payer un loyer. »

D'après la Commission nationale de réhabilitation, le programme devrait commencer pour 25 000 soldats au mois de juillet puis 75 000 les mois suivants. Les soldats invalides et les femmes le recevront en priorité.

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