Madagascar: Antsiranana - Quand les élèves mènent l'enquête sur l'eau

Les élèves sont sortis de leurs lycées pour voir la réalité sur l'approvisionnement en eau dans la ville d'Antsiranana, tout en réalisant une production vidéo sur l'eau et les difficultés rencontrées par les usagers.

Il s'agissait de l'initiative du projet environnemental Kobaby , dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de l'eau. Il a choisi vingt élèves issus de deux lycées privé et public de la ville pour réaliser ensemble une production portant un autre regard sur l'eau pour devenir des éco-citoyens responsables, temps fort de trois semaines.

Le projet a aussi collaboré avec les deux journalistes locaux, dont celui de L'Express, pour leur donner en amont une notion sur les techniques de reportage et de collecte des informations. Ces derniers les ont encadrés dans la réalisation de cette production.

Car manquer d'eau est devenu une réalité dans plusieurs quartiers de la capitale du Nord. Cette situation alarmante est principalement due au fait qu' Antsiranana est largement dépendante des ressources en eau douce disponibles dans le bassin versant de Besokatra, la seule source qui alimente la ville toute entière et ses environs.

Quand ils n'ont pas classe, ils se rendent auprès des hôteliers, des lessiveuses, des gestionnaires des fontaines publiques, des laveurs des voitures, des coiffeuses et surtout des simples citoyens dans différents quartiers pour enquêter, interroger sur les vécus des populations dans leur quotidien et collecter les informations y afférentes.

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Partout où ils étaient, ils ont constaté que ces crises traduisent de graves problèmes structurels de gestion et de distribution des ressources en eau. Rien n'était fait pour y remédier. Cette distribution fait souvent défaut.

Sensibilisation

Dans la ville, ces élèves reporters ont aussi remarqué que si faire la queue devant des robinets publics était angoissant pour certains, pour d'autres c'était une réalité depuis des années. Des secteurs manquent cruellement d'eau potable et les maux ne cessent de grandir. Pour ravitailler la ville toute entière, il faut plus de 30 000 m³ d'eau, pourtant, elle n'a que 18 000 m³ disponibles. Par-dessus le marché, les infrastructures de conduite datent de la colonisation.

À l'Hôtel de la Poste , Jessica Mamory, gérante de cet établissement hôtelier de la ville, a avoué qu'il y avait des moments où elle a eu du mal à remplir une piscine. Aussi, l'hôtel a-t-il eu recours au pompier de la municipalité pour y arriver.

Le manque d'eau potable frappe particulièrement les femmes et les filles qui travaillent dans la coiffure. Mais les impacts vont encore plus loin que la perte de temps qui pourrait être utilisé de manière plus productive.

Le reportage s'est terminé à Besokatra dans la commune rurale de Joffre-ville où ces jeunes ont découvert la réalité du bassin versant pour la première fois de leur vie. L'occasion a permis aux techniciens du projet Kobaby de sensibiliser les élèves à un problème environnemental important et de l'inscrire dans une démarche citoyenne.

« Nous voulions amener ces élèves à porter un autre regard sur l'eau qu'ils utilisent pour qu'ils puissent devenir des éco-citoyens responsables. L'enjeu étant de montrer les contradictions symboliques de l'eau et l'usage quotidien que l'on a de cette ressource», a indiqué Very Paul, un technicien du Kobaby.

Ce fut aussi l'occasion pour les élèves peu familiers du monde agricole, de comprendre le lien entre l'agriculture et la qualité de l'eau qu'ils pouvaient boire et de découvrir quelques exemples de pratiques agricoles visant à préserver la qualité de l'eau. Ils ont été tous touchés par la découverte d'une vaste superficie de culture de khat.

D'après le recoupement de l'équipe de Joddy Hector du lycée privé Saint Joseph, il y a plusieurs mauvaises méthodes pour la culture du khat. Citons, entre autres, l'utilisation des hormones de croissance. Ces produits infectent la source d'eau et dans vingt ans la sécheresse envahira la région si les comportements vis-à-vis de la protection du bassin versant ne changent pas.

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