Tchad: Grogne des agents de l'Etat admis à la retraite au pays

Jean Blagué (au centre), le président du comité de crise monté par les retraités du Tchad

Les agents retraités du Tchad ne veulent plus continuer à croiser les bras et mourir à petit feu. Ils entendent au contraire faire feu de tout bois pour obtenir leurs droits.

"A chaque fois, il faut d'abord crier, manifester, il faut faire preuve de violence sous toutes ses formes avant d'entrer en possession de son dû", regrette un retraité se trouvant dans les locaux de la CNRT. "Ce n'est pas logique. Nous avons des enfants à l'école, nous habitons dans des maisons en location et avec les cas de maladies on ne vit que des dettes", poursuit-il, ajoutant qu'il vaut mieux qu'on les appelle "maltraités" que retraités.

"J'ai plus de 6 millions d'arriérés, si j'ai cet argent je pourrais même construire deux chambres pour mes enfants", abonde un autre.

Les retraitées veuves quant à elles, affirment que la lutte qu'elles mènent est pour l'avenir. Elles accusent leur responsable syndical de laxisme et décident de prendre leur destin en main tout en interpellant le président de la République.

"Je suis une handicapée physique et visuelle et ils ne veulent pas payer mes arriérés, dénonce l'une d'entre elles. Et pour vous les jeunes, ça va être pire que ce que nous vivons aujourd'hui, donc notre lutte c'est pour vous."

Une autre veuve a indiqué au micro de VOA Afrique qu'un coupon, c'est autour de 60.000 francs CFA et les syndicats coupent 5.000 ou 10.000 francs CFA mais ils ne font rien pour eux. "Sous d'autres cieux", poursuit-elle, "les gens veulent être à la retraite pour se reposer, mais ici au Tchad, c'est mort. Que le président Mahamat Idriss Deby écoute les cris des personnes de troisième âge."

Ces pensionnaires qui n'ont plus confiance en leurs responsables syndicaux ont mis sur pied un comité de crise dirigé par le colonel à la retraite Jean Blagué. Il est considéré comme un leader charismatique mais il n'est pas reconnu par les responsables de la direction générale de la Caisse nationale des retraités du Tchad qui l'ont astreint plusieurs fois en justice. Jean Blagué, lui, ne baisse pas les bras.

"Ce sont les droits des veuves dont leurs époux sont morts en rendant service à la nation et qui ont des orphelins sous les bras que je réclame", assure-t-il, précisant que les personnes de troisième âge ont simplement choisi de venir devant leur siège pour exprimer leur mécontentement. "Que le gouvernement écoute leurs cris. Nous sommes affamés. Que le gouvernement nous donne un délai sinon nous allons dormir ici jusqu'à mercredi.", a-t-il averti.

Selon des sources proches de la direction générale de la Caisse nationale des retraités du Tchad, le paiement des arriérés de pensions ne relève pas la compétence des responsables de ladite institution, mais plutôt du ministère des Finances. Toutefois, des démarches sont en cours pour calmer la situation. Les retraités peuvent même espérer le paiement des pensions le mois prochain. Ce qui correspondrait aux coupons du deuxième trimestre de l'année en cours.

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