Afrique: Jeux olympiques - Athlètes africains - Préparation à deux niveaux pour les locaux et les expatriés

Participer aux Jeux Olympiques, c'est le rêve de tout athlète dans sa carrière sportive. Réaliser les minimas ou se qualifier pour les JO même par invitation du Comité International Olympique, c'est un travail de longue haleine sur le long terme. L'Afrique n'est pas encore assez représentée aux Jeux Olympiques, comparée à d'autres continents et beaucoup d'athlètes participent aux jeux grâce à des "wild-card".

S'entraîner et travailler

A quelques semaines du coup d'envoi des Jeux olympiques de Paris 2024, la liste définitive des athlètes participants n'est pas encore connue. Les compétitions de qualification battent encore leur plein dans de nombreuses disciplines, notamment l'athlétisme. Comme lors des précédentes olympiades, se qualifier pour les Jeux Olympiques n'est pas une mince affaire pour les athlètes du continent surtout ceux qui évoluent dans le championnat local.

En Afrique, en plus du manque de compétition, les infrastructures de qualité respectant les standards internationaux et les matériels et équipements sportifs font défaut, ce qui impacte sur les performances des athlètes. Cette réalité se rencontre partout en Afrique, surtout dans les pays subsahariens francophones. Les infrastructures comptent énormément.

Certains pays n'ont pas d'infrastructure, même le peu qui existe ne respecte pas les normes, ce qui complique l'apprentissage et la spécialisation dans les concours. « Dans notre stade, c'est le football qui passe avant tout et la piste est vraiment ancienne et dure. Les athlètes n'ont pas les chaussures adaptées, pas de starting-block, pas de sautoir pour la perche et le gradin du stade sert pour la musculation » a fait savoir, Fodé Sissoko, sprinter malien de 27 ans. Après les Jeux Olympiques de Tokyo en 2021, l'athlète malien participe à ses deuxièmes JO à Paris.

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Après avoir évolué à domicile au Mali, Fodé s'est expatrié en France depuis 2018. « En étant resté au Mali, je ne serais pas arrivé où j'en suis. Le stade n'est pas ouvert pour les athlètes. L'expatriation n'est pas une trahison et nous les athlètes expatriés avons fait la fierté du pays » a continué, le médaillé d'argent des Jeux de la Francophonie.

Comme bon nombre d'athlètes, il doit encore allier le travail et le sport. Avec une bourse de 700 dollars par mois et qui n'est pas payé régulièrement, Fodé est dans l'obligation de travailler et d'adapter son entraînement. L'argent qu'il gagne en tant que livreur lui permet aussi de participer à des stages en Espagne et en Guadeloupe. Beaucoup de sportifs ne peuvent pas vivre du sport, pas seulement en Afrique mais un peu partout dans le monde.

Dans de nombreuses disciplines sportives, il n'y a pas encore de statut professionnel. Etre bon n'est plus suffisant, il faut être excellent pour pouvoir être recruté par les clubs et décrocher des sponsors. Dans la délégation française aux Jeux olympiques de Tokyo, 55% des athlètes vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Les athlètes locaux à la traîne

La grande majorité des athlètes africains qualifiés pour les Jeux Olympiques de Paris évoluent à l'extérieur du pays. Pour Madagascar, pour les JO de Paris 2024, le pongiste, Fabio Rakotoarimanana joue en France et a eu la chance de participer à de nombreuses compétitions en France en plus des championnats avec la sélection malgache.

Il y a vraiment un décalage entre son niveau et celui des pongistes locaux. La judokate, Laura Rasoanaivo, qualifiée également pour Paris 2024 a pu bénéficier d'un stage de formation en Hongrie et a participé à de tournois internationaux tout comme l'haltérophilie, Rosina Randafiarison, qui, avec le soutien inconditionnel de sa fédération a pu gagner des points en participant à des championnats et compétitions continentaux et internationaux.

Les deux nageurs, Harivony Jonathan Raharvel et Idealy Tendrinavalona, qui bénéficient des deux "wild-card" ont tous deux bénéficié de la bourse de la fédération internationale. En athlétisme, Sidonie Fiadanantsoa, spécialiste du 100m haies et médaillée d'or des Jeux de la Francophonie et médaillée d'argent des Jeux Africains est à 9 centièmes de secondes des minimas.

Elle aussi est pensionnaire au Centre de développement d'athlétisme de Dakar et est engagée régulièrement à des compétitions en France et Meeting international. Le constat est vite fait, il y a un vrai décalage entre le niveau des athlètes locaux et celui de ceux qui se sont expatriés. Les disciplines, où il n'y a pas d'expatrié engagé, sont absentes des Jeux Olympiques.

A Madagascar, les infrastructures aux normes manquent tout comme les matériels, mais surtout, la question de financement pour participer à des stages et compétitions internationales, reste une problématique jamais réglée. Des gouvernements se sont succédé, mais le sport reste le parent pauvre.

Le football avant tout, les "autres" après

Le football, c'est le sport roi contre lequel aucune autre discipline ne peut rivaliser. La Coupe du monde de football, c'est la compétition la plus suivie avec les Jeux Olympiques. Le football rassemble le peuple, voire un continent. Des milliards de dollars circulent dans le business du football. Les footballeurs professionnels sont les athlètes les mieux payés et font envier tous les autres sportifs.

En Afrique, le football passe avant tous les autres et la Coupe d'Afrique des Nations est la plus grande compétition sportive continentale. Presque tous les pays africains ont des stades aux normes de la CAF et de la FIFA. Il y a de l'argent et si l'Etat le veut, il le peut comme le cas de la Côte d'Ivoire lors de la CAN, le Cameroun et bien d'autres.

« La piste d'athlétisme, c'est juste un décor. C'est difficile de rivaliser avec le football. Les gens restent focalisés sur le football, qui reste le sport le plus populaire en Afrique même s'il ne rapporte pas de médaille » a indiqué, Sidi Yattara, Directeur technique national de la fédération malienne d'athlétisme.

Si pour le football, une équipe médicale complète avec le staff technique fait le déplacement avec la sélection, pour les autres, participer à des compétitions est déjà un casse-tête avec un nombre limité d'athlètes sans accompagnateurs. Dans l'histoire des Jeux Olympiques aussi, les Nigérianes ont remporté la médaille d'or à Atlanta en 1996 et les Camerounais s'offrent l'or olympique à Sydney en 2000.

Serge Mimpo, médaillé d'or olympique du Cameroun a été bien intégré au sein de sa sélection même s'il n'a pas disputé les tournois de qualification et a eu une belle préparation. « Nous avons fait un stage en Allemagne, à Montpellier et puis à Manchester » a-t-il déclaré. En 2021 à Tokyo, l'Afrique avait remporté 37 médailles dont 11 en or, 12 en argent et 14 en bronze). Cette année, l'Afrique pourrait mieux faire avec des athlètes talentueux et surtout ce mental d'acier qui sait s'adapter à toutes les conditions difficiles.

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