Madagascar: Les sacrifices de zébus - Anti-économiques pour certains intellectuels

Selon les érudits, la pratique contribue à l'appauvrissement du pays. Les gardiens traditionnels ne sont pourtant pas de cet avis. Pour ces messieurs détenteurs de la sagesse ancestrale, il s'agit d'une cérémonie pour rendre hommage aux aïeux. « Nous devons le faire pour purifier notre corps, notre âme, et notre demeure. C'est très important. Nous sommes malgaches avant tout », a ajouté l'un d'eux, Dagobert Ndriahery.

Depuis janvier, hormis les intempéries qui ont décimé le cheptel bovin à Analanjirofo, SAVA, DIANA, une partie de la Région Boeny et Sofia, sans trop gonfler les chiffres, une bonne centaine de milliers de zébus ont été tués dans les rituels traditionnels sur la Grande-Ile. Un phénomène qui interpelle également les consommateurs. « La viande coûte presque 20 000 Ar le kilo. Et là j'apprends que des personnes abattent plus de 500 boeufs en l'espace de trois jours. C'est un peu choquant. Pourquoi ne pas en donner aux paysans par exemple ? », se désole une mère de famille.

Pour être clair, la tradition exige fermement que le sang du zébu doit couler sur la terre sacrée. Les razana, les ancêtres en ont besoin afin de maintenir l'équilibre cosmique. Donc, plus l'offrande est importante, plus les ancêtres exaucent les voeux...

Les politicards, eux aussi, sont de la partie. Un mois avant la campagne électorale législative, des postulants ont consulté les traditionalistes. Voulant rassurer ces candidats, ils les conseillent de « tuer le veau gras ». Oui, les intendants se servent des us-et-coutumes pour asseoir leur pouvoir. Ils disent non au phénomène Dahalo, mais dodelinent positivement la tête quand il s'agit de leur intérêt ! Les rites (jôro) serviraient-ils à soulager les consciences ? Seuls les ancêtres peuvent répondre à cette question pertinente.

Par ailleurs, les progressistes ne cachent pas leurs préoccupations. Cependant, ils incitent les paysans à perfectionner la méthode pastorale, étant donné que ces derniers n'ont guère changé la pratique héritée par leurs arrière-grands-parents. « Nous avons besoin de la chair et du sang des zébus pour honorer les ancêtres, donc, nous devrions améliorer certaines choses. J'ai l'impression que notre ère s'est arrêtée au temps d'Andriandahifotsy », a précisé Sarobidy Seheno, spécialiste en sociologie et ruralité à Madagascar.

Apparemment, ces intellectuels sont totalement persuadés que certains usages de la tradition ne sont plus applicables de nos jours. L'élevage contemplatif doit être substitué par un autre système plus efficace.

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