En prélude à la "Fête de la musique ", l'ambassade du Congo en Allemagne, en coprésidence avec celle de France, a organisé dans le cadre du réseau des ambassades et institutions francophones à Berlin une conférence sur la rumba animée par Gervais Loëmbe.
Ce voyage dans l'espace et dans le temps, dans l'univers de la Rumba au tempo "Ô Congo, le bassin, Ô Congo, les tourbières", s'est déroulé le 27 mai dernier sur le thème " La rumba congolaise et son impact sur la société contemporaine ".
En présence du corps diplomatique et des ambassadeurs du Congo et de France en Allemagne, Édith Itoua et François Delattre, près de 70 personnes ont suivi en présentiel cette conférence à l'Institut français de Berlin.
Pour le conférencier Gervais Loëmbe, c'était une occasion d'amorcer ce voyage tout d'abord depuis le Bassin du Congo vers les Caraïbes, ensuite sur le territoire nord-américain. Il l'a fait évoluer vers l'Europe, puis redescendre dans le Bassin du Congo.
Il a démontré qu'à l'issue des voyages de certains Antillais et marins, notamment grecs, on a fini par se rendre compte qu'avec l'invention du phonographe et des disques 78 tours, cette musique des Caraïbes, cette musique cubaine qu'on appelait parfois afro-cubaine était simplement la musique du Bassin du Congo qui était partie et que les mélomanes reconnaissaient à travers les mots, à travers les cadences, mais aussi et surtout à travers des instruments. En clair, cet héritage laissé par le Congo a permis à ces captifs déportés des terres congolaises sans rien emporter avec eux comme seul bagage la rumba.
C'est cette même rumba qui deviendra la rumba cubaine, l'afro-cubain auquel tout le monde reconnaît à Cuba le fait d'être un mot du Congo qui veut dire endurant : "bakalawa kuba", littéralement un homme endurant. Par déduction, les "kubas" désigne le mot originel de Cuba. Elle va subir un certain nombre d'influences de l'Europe, bien sûr, mais également des Indiens qui sont sur place et là, la rumba évoluera en folk-song, en work-song.
De nos jours, le conférencier a présenté la rumba dans un triptyque qui allie : musique, danse et sape. Un autre triptyque donne à la rumba la mélodie, la voix, le message. Il a rappelé que celui qui a illustré le message c'est Franco avec l'orchestre OK Jazz, lequel à chaque fois qu'il chantait délivrait un message où il éduquait, donnait la morale et c'était presque une instruction civique. Pour la voix, il a cité la plus belle voix, celle de Tabu Ley Rochereau dont Papa Wemba avait hérité.
Concernant la mélodie, il a évoqué un certain nombre d'artistes. Parmi ceux-ci, Sam Mangwana, Pepe Kallé et l'orchestre Zaïko Langa Langa qui, en son sein, a engendré des génies de cet art. En guise de conclusion, Gervais Loëmbe a fait remarquer que la rumba congolaise n'est pas que de la musique, elle n'est pas qu'une variante musicale, mais plutôt un art de vivre en paix avec l'autre en le sollicitant, en le convertissant par l'amour, par la séduction et non par la provocation. « Si tout le monde pouvait danser la rumba, le monde entier serait en paix », a-t-il préconisé.