Congo-Kinshasa: A Beni, en RDC, on se mobilise contre la violence sexuelle

Ce 19 juin c'est la Journée internationale pour l'élimination de la violence sexuelle. Des violences dont sont victimes des habitantes de Beni.

Cette journée a été proclamée ainsi en 2015 par l'Assemblée générale des Nations unies, afin de manifester de la solidarité envers les victimes des violences sexuelles.

En République démocratique du Congo, et plus précisément à Beni, dans le Nord-Kivu, les jeunes filles et les femmes sont les premières victimes des groupes armés qui ensanglantent cette province dans l'est du pays.

Nombre d'entre elles sont kidnappées pour être ensuite violées ou utilisées comme esclaves sexuelles.

"Ils m'ont obligée à vivre avec lui"

Nous l'appellerons Kasoki, un nom d'emprunt pour assurer sa protection. Elle fait partie des nombreuses femmes qui ont été forcées à avoir des relations sexuelles avec leurs ravisseurs.

En 2018, elle et son bébé ont été enlevés par les rebelles de l'ADF, puis conduits en brousse. Son enfant est mort six mois plus tard et c'est alors que les rebelles lui ont imposé un mari.

Celui-ci l'a exploitée sexuellement durant quatre ans, témoigne Kasoki, qui regrette d'avoir eu un enfant avec lui.

"On était aux champs quand ils sont arrivés. J'ai essayé de fuir, mais comme j'avais un bébé de deux mois, ils m'ont rattrapé. On a marché toute la nuit sous la pluie avant d'arriver. Quelques mois après, mon enfant est mort d'anémie et de déshydratation par manque de médicament. C'est à ce moment qu'ils m'ont choisi un mari parmi eux. Je ne l'aimais pas, mais ils m'ont obligé à vivre avec lui. On se bagarrait chaque nuit, malheureusement il m'a rendu grosse", raconte à la DW la jeune dame.

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"Je pleurais chaque jour"

Le calvaire se poursuit pour Kasoki qui ajoute que, "Je pleurais chaque jour... Dieu aidant, je me suis sauvé après l'attaque de l'armée contre le camp où nous étions. Mais lorsque je suis revenue chez moi, cinq ans plus tard, mon mari avait déjà une autre femme, et il m'a rejeté avec l'enfant que je venais d'avoir en brousse."

Dans la région de Beni, de nombreuses autres femmes sont confrontées à cette forme de violence. Cette autre fille, qui souhaite aussi garder l'anonymat, a été abusée par le commandant du groupe armé dans lequel elle s'était engagée pour venger sa famille.

"Je me suis moi-même fait enrôler dans ce groupe parce que je voulais venger mes parents qui venaient d'être tués par les rebelles. Le commandant a détourné mon intention, il m'a plutôt réduit à une exclave sexuelle."

Prévenir ces violences sexuelles

Dans ce contexte, le Comité international de la croix rouge tente de prévenir ces violences sexuelles en temps de conflit en organisant des dialogues avec les hommes en armes à Beni.

Mais pour Mapendo Lenganaiso, de la Solidarité féminine pour la paix et le développement, les défis sont encore énormes dans la prise en charge des victimes.

"Les groupes armés affectent d'une manière dévastatrice la protection des civils. Certains utilisent les violences sexuelles comme arme de guerre. On se confronte à beaucoup de défis en termes d'accompagnement juridique. Parfois, il y a des bourreaux qui ne sont même pas connus."

Selon l'Onu, le monde connaît actuellement le plus grand nombre de conflits depuis la Seconde Guerre mondiale. Le mépris du droit international, la prolifération des armes et la militarisation croissante sont en train d'exacerber la violence sexuelle en temps de conflit.

Le droit international humanitaire considère la violence sexuelle comme un crime de guerre, un crime contre l'humanité, voire comme un crime de génocide.

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